Edmund Burke naît à Dublin (Irlande) en 1729 dans une famille anglicane. Étudiant en droit à Londres en 1750, il part visiter l'Europe où il découvre la philosophie des Lumières, pour laquelle il développe une profonde aversion. Après un premier ouvrage anonyme contre les idées des Lumières, il publie sous son nom une Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau, en 1757 (...)
[...] Mais, à ne chercher dans Burke que les prémisses de Kant, on passerait à côté de la force critique de son œuvre propre. Burke, pas plus que Kant, n'est un philosophe de l'art, mais en s'interrogeant sur les origines du sentiment de la beauté, et à plus forte raison du sublime, il remet totalement en question les cadres de l'esthétique qui fait de la beauté une affaire de proportion, de convenance ou d'harmonie et contribue à promouvoir contre elle ce qu'on appellera l'esthétique du sentiment. [...]
[...] Il vous répondra que c'est sa crapaude avec deux gros yeux ronds sortant de sa petite tête, une gueule large et plate, un ventre jaune, un dos brun. Interrogez un nègre de Guinée ; le beau est pour lui une peau noire, huileuse, des yeux enfoncés, un nez épaté81. Burke aura apporté à ce mouvement d'ensemble une contribution décisive en rendant pensable, à l'occasion de sa Recherche philosophique sur l'origine de nos idées du sublime et du beau la pluralité des esthétiques. [...]
[...] Les pires excès et les pires outrances, au regard de l'esthétique classique, peuvent se manifester sur la scène théâtrale, comme dans le théâtre de Shakespeare ; la puissance de la nature peut envahir l'espace pictural, comme dans les représentations du déluge de John Martin ou, mieux encore, dans la Mer de glace (1823) de Caspar David Friedrich qui sublime en vision artistique un bateau rompu comme un fétu de paille par le déchaînement des glaces au pôle, spectacle terrifiant s'il en est dans l'évocation d'une puissance qui dépasse l'homme. Ce qui aurait semblé impensable dans l'esthétique classique trouve son sens dans l'esthétique du sublime. [...]
[...] La beauté souffrante (in distress) est la plus touchante des beautés. Remarquons que ces propos n'expriment aucun air du temps mais anticipent de quelques décennies la vogue romantique du type de la beauté maladive. La pluralité des esthétiques Des esthétiques Il n'aura pas échappé que les exemples pris par Burke pour critiquer l'esthétique classique sont davantage empruntés au beau naturel qu'au beau artistique. Mais c'est justement qu'il reproche aux artistes de son temps de se croire prisonniers des canons de l'esthétique classique : ainsi des jardiniers et des architectes. [...]
[...] La beauté onduleuse Cet exemple illustre un point essentiel de l'esthétique de Burke : ce qui est beau ne saurait comporter ni angle ni saillie brutale, d'où l'éloge de la ligne onduleuse ou ligne de beauté chère au peintre anglais William Hogarth, à qui il reproche simplement d'avoir admis, dans son Analyse de la beauté publiée en 1753, que des formes angulaires puissent être belles. Si les corps parfaitement beaux sont dénués de parties anguleuses, ils ne dessinent jamais longtemps la même ligne droite. Ils changent de direction à tout moment et ils changent sous les yeux par une déviation continuelle, dont il serait difficile de déterminer le commencement et la fin76. Burke n'évoque pas l'esthétique baroque, mais convenons que de tels propos rendent parfaitement compte, par exemple, de la beauté des courbes et des contre-courbes des façades de l'architecte Borromini. [...]
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