L'univers n'était pas obligé d'être beau, il n'est pas obligé d'être beau, et pourtant il est beau.
Il y a pourtant nécessité de la Beauté, sans laquelle tout serait vain. On pourrait imaginer un univers uniquement vrai, uniquement fonctionnel, aux éléments interchangeables. Ex : les camps de concentration nazis.
La Beauté ne serait-elle qu'un surplus, un superflu, un ajout ornemental, une "cerise sur le gâteau" ? Ou s'enracine-t-elle dans un sol plus originel, obéissant à quelque intentionnalité de nature plus ontologique ? (...)
[...] La Beauté est une rencontre Mais nous ramassons le caillou Sur le chemin Le tenant à peine dans la main Le jetons plus loin Pendant que le couchant Effleurant le mont S'attarde un bref instant Puis sans se retourner Va son chemin La Beauté est un chiasme (4e méditation) Cheng reprend différents penseurs qui ont exploité ce thème Ibn'Arabi, poète soufi du XIIIe siècle J'ai créé en toi la perception pour être l'objet de ma perception C'est par mon regard que tu me vois et que je te vois Tu ne saurais me percevoir à travers toi même En revanche si tu me perçois, tu te perçois toi-même. ( le Créateur a créé la perception chez la créature pour que celle-ci puisse le percevoir, mais aussi pour que le Créateur lui-même puisse percevoir sa créature. En effet, une perception univoque est vide de sens, un regard croisé est nécessaire. Seule la lumière infuse dans la créature permet au Créateur de se révéler. Merleau-Ponty La perception est une interpénétration entre ce qui regarde et ce qui est regardé. [...]
[...] Sais-tu que les vrais trésors sont délicats et cachés, et que le cœur d'une femme est riche et profond comme un jardin Il faut capter à la fois la beauté en surface et ce qui jaillit de la racine de la source qui ne tarit jamais Dao Sheng, s'il en est capable, captera les phénomènes les plus ténus dans ce jardin, et saisira alors cette double dimension de la beauté, percer sa profondeur insoupçonnée le désir même de beauté qui ne tarit jamais : Une fleur qui, en pleine éclosion, déjà menace de se faner. ( Toute une dialectique de la surface et de la profondeur. Le cœur peut-être enfoui, scellé comme une pièce de jade qui reluit même aux seins des ténèbres. [...]
[...] Il traduit les poètes chinois en français cf. Entre Sources et Nuages 2002 Entre à l'Académie Française méditations sur la Beauté A. La gratuité de la Beauté La beauté est-elle un hasard ? L'univers n'était pas obligé d'être beau, il n'est pas obligé d'être beau, et pourtant il est beau Il y a pourtant nécessité de la beauté, sans laquelle tout serait vain. On pourrait imaginer un univers uniquement vrai, uniquement fonctionnel, aux éléments interchangeables. Ex : les camps de concentration nazis. [...]
[...] La beauté du monde est un appel, au sens le plus concret du mot. Et l'homme, cet être de langage, y répond de toute son âme. Tout ce passe comme si l'univers, se pensant, attendait l'homme pour être dit. L'homme, en nommant la beauté, renvoie sa parole au verbe divin. Par la parole, il re-commence le monde, et re-naît lui-même. Si je reste une monade, centré sur moi, je reste stérile. La beauté m'oblige à me tourner vers le monde, et donc a réitérer l'idéal promesse : celle de la création du monde. [...]
[...] La Fragilité de la beauté éphémère engendre son intensité La beauté est fragile, éphémère, tragique La beauté nous paraît presque toujours tragique, hantés que nous sommes par la conscience que toute beauté est éphémère En effet il y a unicité de l'expérience de beauté. Pour chaque être, en chaque instant, chaque expérience est unique. De cela vient son caractère éphémère, qui nous emplit de nostalgie et nous paraît donc tragique. Il y a en effet contradiction fondamentale entre le désir irrésistible d'une éternité de beauté et la conscience du caractère éphémère de la beauté. La Beauté est fragile. Elle advient sur la crête de l'instant. [...]
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