Dans la langue commune, le sublime semble désigner le degré extrême ou l'apothéose de la beauté. Mais, à partir du XVIIIe siècle, le beau et le sublime s'imposent comme deux notions distinctes et complémentaires. Leur analyse constitue le passage obligé de cette nouvelle forme qu'est l'esthétique.
Pour désigner certains états profonds et intenses déclenchés par la contemplation de réalités naturelles ou artistiques particulières, le terme de « beau » paraît insuffisant, voire inadéquat. L'idée du beau est en effet toujours associée à celle d'harmonie, d'équilibre, de proportion. L'âge classique, qui tente de mettre au point une approche objective de la beauté, a déjà l'intuition d'une spécificité de la beauté « sublime », notamment à travers la traduction par Boileau d'un texte grec anonyme du Ier siècle, le Traité du sublime (1674).
[...] Sublime et morale Avec Kant, la réflexion sur le beau et le sublime atteint sa grandeur philosophique. La Critique de la faculté de juger (1790) prolonge l'orientation subjective de l'esthétique, faisant du beau et du sublime non des catégories de l'objet, mais des caractéristiques du jugement de goût formulé par le sujet. Le beau est défini par Kant comme ce qui plaît universellement sans concept On ne peut en effet, remarque-t-il, faire du beau un concept, même s'il désigne autre chose qu'une sensation agréable et même si le sujet qui juge une chose belle se sent fondé à universaliser son jugement et à l'enraciner dans une qualité objective de l'objet. [...]
[...] De l'objet au sujet Pour désigner certains états profonds et intenses déclenchés par la contemplation de réalités naturelles ou artistiques particulières, le terme de beau paraît insuffisant, voire inadéquat. L'idée du beau est en effet toujours associée à celle d'harmonie, d'équilibre, de proportion. L'âge classique, qui tente de mettre au point une approche objective de la beauté, a déjà l'intuition d'une spécificité de la beauté sublime notamment à travers la traduction par Boileau d'un texte grec anonyme du Ier siècle, le Traité du sublime (1674). Le sublime, qui ne désigne qu'une forme particulière du style oratoire, devient alors spécifiquement associé au surprenant et à l'extraordinaire. [...]
[...] Le sublime touche. Le visage de l'homme qui éprouve la plénitude du sublime est sérieux, parfois figé et surpris. (Kant, Observations sur le sentiment du beau et du sublime, 1764) Mesure et démesure Dans sa recherche philosophique sur l'origine de nos idées du beau et du sublime (1756), Burke jette les bases d'une distinction en s'appuyant sur des considérations psychologiques et physiologiques et en se fondant sur la différence des sentiments et des sensations éprouvés par le spectateur. Le plaisir que produit le beau serait lié à la perception de certaines formes régulières. [...]
[...] Le rôle du beau est en fait de nous révéler un accord spontané entre les facultés de notre esprit, une harmonie entre notre sensibilité et nos concepts ainsi qu'une certaine disposition d'âme commune à tous les humains. Le sublime quant à lui, est lié à la perception de phénomènes terrifiants ou d'œuvres monumentales. Il résulte du conflit que la raison engage avec l'imagination en exigeant d'elle de figurer l'Infini. Il engendre donc un désaccord en l'homme, qui est en même temps positif ; l'impossibilité d'une telle figuration équivaut en effet à une présentation indirecte ou négative. [...]
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