Le terme de modernité a été introduit pour la première fois par le poète et critique d'art Charles Baudelaire dans son ouvrage…
[...] La foule urbaine, écrit Baudelaire, est « un immense réservoir d'électricité » : c'est de cette énergie moderne folle que se nourrissent les nouveaux artistes. Le croquis, saisi dans l'instant, non achevé, tel que le réalise Constantin Guys au cours de ses « flâneries », serait la forme exemplaire d'expression de ces derniers. L'artiste flâneur n'est pas paresseux mais réactif, toujours à l'affût d'une trouvaille, il cherche quelque chose, et ce « quelque chose » est la modernité : « Ainsi il va, il court, il cherche. [...]
[...] Le sujet par excellence du nouvel artiste, c'est la vie moderne. Dans son essai, Baudelaire précise quelles sont les caractéristiques selon lui, d'une part de cette « vie moderne », d'autre part de l'artiste moderne lui-même. La vie moderne, pour commencer, est urbaine, c'est « la vie dans les capitales ». C'est au milieu des foules et des « paysages de la grande ville, paysages de pierre caressés par la brume ou frappés par les soufflets du soleil » que l'artiste, peintre/poète, se fait « observateur, flâneur, philosophe ». [...]
[...] Ce dernier mot n'apparaît qu'au XXème siècle, et il est loin de se confondre complètement avec la notion de modernité. Le matériau moderne selon Baudelaire dépasse largement en richesse et en variété l'acceptation « moderniste », qui implique une idée de progrès scientifique et social totalement absent chez le poète, de même qu'est absente chez lui la notion « avant-garde », tournée vers un futur meilleur et plus harmonieux, qu'appliqueront de nombreux artistes et groupes d'artistes au siècle suivant (cf les Surréalistes, Le Corbusier, etc.). [...]
[...] Ce dernier définit véritablement, point par point, la bible de la modernité, telle qu'elle sera développée jusqu'à nos jours, et en dépit de l'avatar passager « post-moderne », ainsi que du basculement, dans les années 1960, vers ce qu'on a appelé « art contemporain ». En quoi consiste donc la modernité en Art ? Le titre même « Le Peintre de la vie moderne » donne le programme général de la nouvelle « peinture ». L'Antique ou l'ancien ne sont plus des références ou des thèmes pour les artistes, comme c'était le cas jusqu'alors. [...]
[...] Baudelaire écrit : (le nouvel artiste) « cherche ce quelque chose qu'on nous permettra d'appeler la modernité ». A travers la figure à ses yeux exemplaires du dessinateur Constantin Guys, le poète établit une définition radicalement nouvelle de l'artiste et de son rapport à la beauté. Celle-ci ouvre la voie à l'art moderne, et sera l'objet au XXème siècle des réflexions de nombreux philosophes, notamment allemands, parmi lesquels Walter Benjamin, Jürgen Habermas, et Théodor Adorno (Ecole de Francfort). La notion de modernité est longuement discutée, ainsi que celles de modernisme et de post-modernité. [...]
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