Au début du XVIIème siècle, le philosophe anglais Francis Bacon, Baron de Verulam est l'auteur d'une vaste encyclopédie du savoir qui vise à mettre la nature au service de l'homme. En effet, toute la vie de Bacon est caractérisée par ses deux passions fondamentales : l'amour du savoir et la soif de puissance. De 1608 à 1620, il écrit le Novum Organum - ou Eléments d'interprétation de la nature -, qui représente la première partie de l'Instauratio Magna – la grande instauration des sciences – et qui a pour sujet l'art d'étudier la nature et de l'interpréter, c'est-à-dire d'en expliquer les phénomènes. L'auteur tend à y promouvoir une nouvelle conception de la logique, qui s'oppose à celle d'Aristote. Le Novum Organum est constitué de deux livres et d'une préface. Dans celle-ci, Bacon s'en prend aussi bien au dogmatisme qu'au scepticisme ; il déclare en effet qu'il est possible de parvenir à des connaissances certaines, mais à condition de suivre une nouvelle méthode. Le but de l'instauration est d'acquérir un savoir sur la nature, pour pouvoir accroître la puissance de l'homme et faire advenir son règne. Bacon justifie son projet par le fait qu'à son époque, les sciences sont stériles et stagnent. Mais comment remédier à cette mauvaise connaissance de la nature ? Et quelle est la bonne méthode à suivre pour exercer son dominant sur la nature ? Au début de la préface du Novum Organum, Bacon procède à la critique de trois types de penseurs sur la nature, certains pour leur dogmatisme sans fondement, d'autres au contraire pour leur scepticisme, et enfin les derniers parce qu'ils ne parviennent pas à mettre un terme à l'effervescence de leur esprit, par le biais de règles strictes. Ainsi, Bacon part d'une critique de l'état des sciences et propose une nouvelle voie, qui consiste à fournir des aides d'entendement pour que l'esprit exerce son dominant sur la nature. C'est au moment de l'échec des sciences qu'il faut une nouvelle méthode. Bacon insiste sur la nécessité de développer le savoir, de restaurer son excellence.
[...] Cela signifie qu'ils n'ont pas mis en place de méthode permettant de sélectionner les idées, de les classer et d'en établir la vérité ou pas. L'hypothèse de la surabondance de savoir souligne la même idée d'irrésolution d'esprit, car trop de connaissances peuvent nuire à la connaissance. Plus les idées sont diffuses et nombreuses, plus il est difficile de réfléchir dessus. Ainsi, ces penseurs s'opposent aux premiers dans la mesure où ils possèdent une multitude de connaissances et ne parviennent donc à en affirmer aucune comme vraie ; tandis que les autres ne connaissent rien, et affirment donc des connaissances fausses. [...]
[...] En effet, la thématique de la suspension du jugement est très présente dans la pensée baconienne. Dans un quatrième et dernier moment, Bacon énonce sa propre méthode, qui se distingue des trois précédentes et apparaît implicitement comme celle à suivre. Son projet est la grande instauration, qui consiste à promouvoir les sciences et à renouveler leur méthode. Pour marquer la distinction, l'auteur change de paragraphe, ce qui constitue une réelle rupture dans le texte. De plus, l'emploi de quant à marque la distance. [...]
[...] En cela, ils ne peuvent parvenir à une connaissance fondée de la nature, la-leur étant trop emprunte de désordre. Ainsi, après avoir procédé à la critique de ces différents penseurs, Bacon expose sa propre méthode pour parvenir à la connaissance de la nature ; celle-ci apparaissant comme la bonne à suivre, comme une forme de solution au problème. La thèse de l'auteur procède en trois étapes ; tout d'abord, il faut arrêter son jugement sur des convictions pour pouvoir évoluer dans la construction de la connaissance. [...]
[...] C'est un vice qui détruit la forme de la connaissance, en portant atteinte à son essence même, c'est pourquoi il est considéré comme le pire de tous. Le savoir fantasque travestit le vrai, et fait en sorte que le faux prenne sa place ; ici par ignorance, mais parfois également par ruse. Mais le crédule devient trompeur, car il perpétue les rumeurs sans savoir qu'elles sont fausses, et renforce la fiction. Ainsi, l'homme se piège lui-même à ses propres fictions. [...]
[...] Ainsi, ils se maintiennent entre la jactance de l'affirmation péremptoire - attitude arrogante qui se manifeste par le bavardage vide de sens et le désespoir de l'acatalepsie - qui s'abaisse devant l'impossibilité de connaître avec certitude, devant l'insaisissabilité de la nature et de l'existence même des choses. Tout comme les seconds penseurs présentés par Bacon, ceux-ci constatent la difficulté de la recherche ; c'est-à-dire la difficulté de connaître, d'établir des vérités. Ce constat peut même aller jusqu'à l' indignation sentiment de colère très fort contre la difficulté de la connaissance de la nature. [...]
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