Chercher la vérité, devoir de recherche, obligation permanente, noblesse de l’esprit, modèle platonicien
Nous n'apprécions pas d'être trompés, que ce soit par un interlocuteur qui nous ment ou par des apparences qui nous abusent: c'est que nous désirons connaître la vérité, et que celui qui la connaît nous la dise.
Mais ce désir n'a rien de commun avec un devoir, qui suppose que notre relation à la vérité participe de la morale. Certains métiers spécialisés (scientifiques, philosophiques, enquêteurs divers, journalistes…) ont sans doute pour tâche de trouver la vérité, s'ils le peuvent, et la chercher est pour eux un devoir. Ce devoir est-il universel ? Et, si on l'admet, d'où vient-il ? De nous-mêmes (de notre raison), de la société ? En le reconnaissant comme une obligation permanente, ne nous illusionnons-nous pas sur ce que peut être notre existence ? Car, à chercher inlassablement la vérité, ne risquons-nous pas de passer à côté de ce qui est aussi notre vie ?
[...] Kant) que nous devons dire la vérité. Mais c'est également une exigence de la société (sans quoi la vie commune, qui implique une réciprocité de la confiance, n'est plus possible). Le scientifique qui cherche à tromper ses collègues sur les résultats d'une expérience est accusé de contredire sa déontologie : c'est qu'il fait mal son travail, et doublement : en mentant, et en ne cherchant pas la vérité. Dire le vrai répond à des intérêts pratiques : Cela permet une action individuelle plus efficace et en accord avec les circonstances. [...]
[...] Chacun apprécie des moments, des objets, des circonstances en leur attribuant une importance qu'ils n'ont peut-être pas pour un autre. Est-on pour si peu dans l'erreur ? Et s'y complaît-on ? La vérité de la vie subjective est éminemment singulière, mais l'inconscient nous est obscur : s'il y a un devoir de chercher la vérité (sur soi même), sommes nous tous condamnés à la cure psychanalytique ? Ce devoir ne risque-t-il pas de nous éloigner de la vie ? Selon Nietzsche, le devoir de chercher la vérité dissimule sa source strictement sociale. [...]
[...] II- Justification d'un devoir de recherche de la vérité : Le modèle platonicien : Le Vrai est une valeur absolue, au même titre que le Bien ou le Beau. Dès lors, notre âme doit le chercher pour être comblée : c'est notre nature qui nous invite à reconnaître ce devoir. Mais (cf. allégorie de la caverne dans La République) on constate que ce devoir doit s'imposer contre les satisfactions faciles que nous trouvons dans les apparences : on oblige les prisonniers à sortir de la caverne (la conscience de leur devoir n'est pas immédiate). [...]
[...] Avons-nous le devoir de chercher la vérité ? Nous n'apprécions pas d'être trompés, que ce soit par un interlocuteur qui nous ment ou par des apparences qui nous abusent : c'est que nous désirons connaître la vérité, et que celui qui la connaît nous la dise. Mais ce désir n'a rien de commun avec un devoir, qui suppose que notre relation à la vérité participe de la morale. Certains métiers spécialisés (scientifiques, philosophiques, enquêteurs divers, journalistes ) ont sans doute pour tâche de trouver la vérité, s'ils le peuvent, et la chercher est pour eux un devoir. [...]
[...] Mais affirmer l'existence d'un devoir de chercher la vérité n'est pas sans difficulté. En effet, un tel devoir considère la vérité comme la valeur par excellence : comment la concilier avec d'autres valeurs, non seulement le Beau ou le Bien, mais des valeurs simplement vitales ? Et si le Vrai doit être cherché à tout prix, est il nécessairement compatible avec le Bien, ce qu'implique la reconnaissance du devoir de le rechercher ? Il est des vérités scientifiques dont la formulation a été suivie de conséquences négatives : faudrait-il alors concevoir que le devoir de chercher la vérité ne s'accompagnerait pas de celui de la dire ? [...]
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