Devoir, connaissance de soi, humanité, autrui, Kant, morale humaine
La vie sociale est rendue possible grâce à un ensemble de lois qui permettent aux individus de coexister en paix. Il serait sensé d'admettre que nos obligations et nos devoirs n'ont qu'autrui pour destinataire. À première vue, la loi est la seule raison qui puisse obliger les hommes à certaines actions et certains comportements, garantissant les conditions minimales de la coexistence sociale.
Dès lors, on peut se demander : n'avons-nous des devoirs qu'envers autrui ? Ou bien en avons-nous aussi envers nous-même ?
[...] Ces obligations juridiques garantissant le bien commun, comme par exemple respecter le code de la route (réglementations imposées par la loi) dans le but de ne pas porter atteinte à l'intégrité d'autrui par exemple. Je suis obligée de respecter cette loi afin de respecter l'autre quels que puissent être mes objectifs. Ce sont des impératifs stricts. Que je le veuille ou non je dois respecter autrui, son intégrité et ses droits, quels que soient mes désirs ou mes motivations. Mais au contraire de notre prochain, nous nous appartenons, ainsi on voit mal en quoi nous aurions des devoirs envers nous même. [...]
[...] Mais les devoirs envers autrui ont une toute autre perspective. Prenons l'exemple du droit au suicide : si je dois respecter autrui et ne pas lui nuire, ne pas le détruire, c'est pour lui laisser le droit de se détruire lui-même. Le risque est alors que nos intuitions morales n'aillent plus que dans ce sens et que nous rentrions dans une logique minimaliste, qui nous obligerait à respecter la liberté des autres afin de les laisser se détruire eux même. Nous perdrions alors la vraie raison qui nous oblige catégoriquement vis-à-vis d'autrui: le respect de l'humanité qui est une charge confiée. [...]
[...] Mais si la cause des devoirs en général est l'humanité, rejeter ceux ci ne revient-il pas à rejeter autrui ? Ainsi rejeter ces devoirs (qui sont : ne pas se laisser aller à la débauche, à la décadence, ne pas boire, ne pas fumer, ne pas se faire de mal) reviendrait à rejeter son humanité et ainsi rejeter les autres pour se mettre à l'écart. Kant dit d'ailleurs « celui qui contrevient aux devoirs qu'il a envers lui même rejette du même coup l'humanité ». [...]
[...] Ainsi, outre le fait que du point de vue juridique, nous n'avons pas de devoirs envers nous même, la morale, elle, nous en impose. Nous nous devons de respecter l'humanité, qui englobe ainsi celle des autres comme notre propre humanité. Kant prend l'exemple de l'ivrogne « un ivrogne ne fait de mal à personne, et s'il est de forte constitution, il peut bien ne pas se nuire à lui-même en abusant de la boisson ». Ainsi il ne semble transgresser aucun devoir, que ce soit envers son prochain ou envers lui même. [...]
[...] Nous n'avons plus le sens de ce qui nous oblige absolument devant l'être humain, à savoir l'humanité. A ce titre, les devoirs envers soi même existent et sont la condition première selon laquelle les devoirs envers autrui pourront être respectés. Reconnaissance des devoirs envers soi-même La reconnaissance des devoirs envers soi-même elle seule redresse, revivifie nos intuitions sur ce qu'on doit même à autrui. Il y a d'ailleurs une troisième étape dans le discours de Kant puisqu'il soutient qu'au delà des devoirs que nous avons envers nous même, la bonne observance des devoirs envers soi même conditionne la bonne observance des devoirs envers autrui : « loin d'occuper le dernier rang, ces devoirs envers soi viennent en premier ». [...]
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