Au sens commun, autrui désigne un autre moi, c'est-à-dire un sujet autre que moi mais doté lui aussi d'une conscience lui permettant de se représenter sa propre individualité. Cependant, autrui renvoie à une réalité moins générale que "les autres". D'après l'étymologie latine "alteri-huic", autrui signifie en effet "cet autre-ci", autrement dit quelqu'un de particulier avec qui je suis en relation, et non tous les hommes différents de moi. " Me passer de " renvoie à l'idée de dépendance. Enfin, le terme "peut-il" renvoie à deux idées : Est-il possible, mais aussi a-t-on le droit ? (...)
[...] Selon lui, l'amitié est "ce qu'il y a de plus nécessaire pour vivre", n'est-ce pas vrai ? Que ferions- nous sans nos amis ? En somme, respecter l'autre, c'est m'interdire de le considérer comme un objet, m'interdire également de l'employer comme un pur moyen au service de mes fins. En revanche, ne dit-on pas que l'expérience ne s'apprend pas, qu'elle se vit ? Cela voudrait donc dire que tout ne dépend que de moi et que je pourrais alors largement me passer d'autrui. L'autre entrave ma liberté. [...]
[...] De ce fait, dans un premier temps, il nous a paru aller de soi que nous ne pouvions pas nous passer d'autrui, nous en sommes dépendants. Il nous permet de nous connaître par le biais de l'image qu'il a de nous, il est dans doute plus objectif que nous en ce qui concerne notre personnalité, puisque son opinion rend compte de l'image que nous donnons en société. Or, nous avons vu dans un deuxième temps que le regard d'autrui pouvait s'avérer être parfois oppressant voire humiliant. [...]
[...] Ainsi, dans le cas contraire, nous n'aurions pas conscience de nous même. Pensons ici à l'exemple de Victor, L'enfant sauvage, qui vivant auparavant dans un milieu forestier, entouré de bêtes, livré à lui-même, n'a aucune connaissance ni conscience de lui-même. Au fur et à mesure de sa relation avec les autres, de son contact au monde, il prend conscience de l'environnement, il adopte peu à peu une conscience réfléchie. Prenons comme exemple, la scène du miroir où on lui tend de la nourriture, au début, il n'a pas conscience de son image, il ne comprend pas que l'image que lui renvoie le miroir est la sienne, puis, progressivement, il prend connaissance de ses sens, et sans se retourner, arrive à suivre la trajectoire que dessine la main de l'homme qui lui tend la nourriture, puis arrive enfin à l'attraper. [...]
[...] Selon Sartre, nous sommes toujours en devenir, autre que ce que nous sommes et nulle étiquette ne saurait par conséquent nous définir. Or que font les autres sinon nous étiqueter sans cesse ? Faudrait-il pour éviter ce regard blessant vivre dans la solitude pour ainsi mieux se connaître ? Nos relations à autrui semblent souvent difficiles. Nous ne sommes pas seuls au monde, il faut "faire avec les autres", mais justement ne préférions-nous pas parfois les voir tous disparaître ? [...]
[...] Ainsi, lorsqu'on parle d'"autrui", on adopte un point de vue subjectif. Mon prochain est un comme moi, mais l'autre est différent de moi : il m'échappe, je ne peux le connaître qu'à travers ma propre expérience. En constatant qu'il est différent, je prends conscience que je suis également différente, et cette opposition me permet d'affirmer ma propre individualité. L'autre est donc bien celui qui me permet de me connaître et d'être libre. De plus, cette liberté amenée par l'autre aboutit au bonheur, à la paix. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture