Si les grandes figures de l'humanitaire savent employer le concept dans leurs récoltes de fonds et provoquer les mouvements de l'opinion, penser la place de l'autre nous met face à un problème philosophique plus profond que l'on ne pourrait l'imaginer.
Peut-on vraiment se penser Autrement ?
Essayer de se mettre à la place de l'autre, c'est non seulement oublier son vécu, ses aprioris, et tout ce qui fonde à la fois notre identité et notre place dans le monde, mais surtout transposer sa situation dans le contexte "d'autrui" et ressentir le monde selon son point de vue particulier, intime. Ce déplacement de conscience est rendu problématique par le même concept qui fonde notre identité en tant que personne : L'autre n'est pas moi. La figure d'autrui est un concept qui, selon Hegel, incarne un autre Moi, à la fois semblable puisque ce sujet est comme moi conscient, et différent dans la particularité de cette conscience (...)
[...] Philosophie Peut-on se mettre à la place d'Autrui ? Plan. I. Une distance indépassable a. La difficulté de la prise de conscience b. Le problème de l'individualité c. Les limites de la communication II. La compréhension de l'autre a. L'autre, un semblable b. [...]
[...] Au-delà de se mettre à sa place a. Un échange nécessaire b. Une responsabilité face à l'autre c. L'empathie La première règle avant d'agir consiste à se mettre à la place de l'autre. Nulle vraie recherche du bien commun ne sera possible hors de là - L'Abbé Pierre. Si les grandes figures de l'humanitaire savent employer le concept dans leur récoltes de fonds et provoquer les mouvements de l'opinion, penser la place de l'autre nous met face à un problème philosophique plus profond que l'on ne pourrait l'imaginer. [...]
[...] Et si la considération morale de la condition d'Autrui reste facultative, elle est tout de même propre à l'humanité. Alors, peut-on se mettre à la place d'Autrui, en définitive ? C'est un constat nuancé qui vient conclure ce cheminement. La société nous modelant dans une optique d'échange entre les sujets, de communication, et de partage, nous serions tentés de croire que se mettre à la place d'Autrui est un acte logique, inné. Or, autre bagage héréditaire, l'instinct d'auto-préservation, de survie, reste très présent, et l'égoïsme des individus est un fait bien plus banal que toute forme de compassion. [...]
[...] Afin d'aller au devant de ses besoins, quelles que soient ses fins, l'Homme sait se mettre à la place de l'autre. Ainsi, le garçon de café présenté par Jean-Paul Sartres dans L'être et le néant exprime cette conscience des besoins d'Autrui et cette tentative d'y répondre le plus complètement possible. Ensuite, il faut noter que la notion de Moi, de l'individu et de l'intime, tient d'abord dans la reconnaissance de l'Autrui, et de l'imperméabilité des consciences. Si l'autre m'était totalement accessible, sa place d'objet extérieur se relativiserait dans la confusion de sa conscience et de la mienne. [...]
[...] Mais cette notion de compassion n'est peut-être pas innocente et désintéressée, peut-être n'est-ce que l'expression de la peur de nous retrouver à notre tour à la place de celui que nous n'aurons pas aidé. Si être heureux face au bonheur d'Autrui est une finalité, partager sa détresse est une invitation à la soulager, par la même projection de soi. Sans attenter à la légitimité ou à la sincérité de leurs actions, les organisations humanitaires jouent sur cette facette de la personnalité humaine, comme dans leurs campagnes d'appel au don, présentant les images les plus horribles et pitoyables pour mieux toucher la population. [...]
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