Dans nos relations quotidiennes avec autrui, force est de constater le mur qu'il représente face à nos simples désirs ou à nos ambitions les plus demeurés. De même qu'il met un frein à nos illusions, il peut aussi nous être d'un grand secours dans notre fausse conquête du moi, objet de notre égoïsme pur, il peut flatter notre amour-propre, nos fausses passions et notre inauthenticité. Autrui se dresse, toujours là, obstacle infranchissable à notre impuissance, masse grouillante, informe que je ne sais maîtriser et dont je ne peux pas bien sûr me détacher.
[...] Je veux snober les autres, et pour cela, j'ai besoin de leur approbation. Obstacle ou moyen, approbation ou refus, gloire ou dépréciation, apogée ou déchéance. Voilà ce pourquoi les autres ne sont que moyen ou obstacle. Inconsciemment, je les pense tous tournés vers moi, ne vivant qu'en fonction de moi, et tous en orbite autour du cercle vicieux de mon égocentrisme exacerbé. Mes intérêts personnels règnent en maître dans cette sphère de l'indifférence. Et une porte bien vite scellée se referme sur mes croyances. [...]
[...] Outre l'obstacle qu'ils représentent au premier abord, ce sont les observateurs suprêmes qui me forcent à agir selon mon devoir. C'est parce que les autres sont là que je me découvre dans l'ampleur de ma médiocrité. En effet, en présence d'autrui, nous pouvons juger nous-mêmes la valeur de nos actes, nous les contrôlons, afin qu'ils ne se répandent pas dans l'excès, nous examinons leur portée, et leur véritable signification. Autrui est différent de moi, tout en étant très proche de ce que je suis. [...]
[...] Autrui peut engendrer la solidarité aussi, l'amitié, l'apaisement, le bonheur pur. Ainsi on s'aperçoit que selon sa position d'être indifférent, d'être à l'écoute ou d'être universel, autrui peut tour à tour prendre différent visages. Si notre condition première d'être humain, à moins de toucher à la sainteté ou à la sagesse, ne nous permet pas de le considérer autrement que comme moyen ou obstacle, il n'en demeure pas moins que ce ne sont pas là des valeurs essentielles. Autrui est ce par quoi j'existe, celui qui me permet de m'accomplir, mon double, moi-même, l'amour Autrui n'est-il pas dans son essence, la plus belle allégorie de la vie dans toute sa splendeur et qui m'apparait chaque fois plus brillante. [...]
[...] Autrui est en effet le seul qui puisse me faire prendre conscience de mon existence. Le travail que je fais, la vis me je mène, tout n'existe et ne prend sens que grâce à l'autre qui me juge. Autrui est l'indispensable appréciateur ou dépréciateur de mes actes. Un livre sans lecteur pourrait-l être un livre, une musique sans auditeur, qui ferait-elle frémir? Autrui est le seul à posséder le pouvoir suprême, c'est l'unique source qui permet à mon désir de vie de s'abreuver Autrui, est le seul médiateur entre moi et moi-même. [...]
[...] Autant que les autres me regardent, je dois les observer, les juger, mais ce, toujours avec impartialité avec la dignité d'un homme. Chacun est digne et doit s'accomplir dans la dignité de l'homme. A loi morale est en nous, en chaque autre que moi. Autrui n'est pas un simple morceau de viande, un simple corps matériels qui se soumet ou non à mes désirs. Non, autrui et une chair comme moi pétrie d'esprit. Un être avec son passé, son avenir et son présent en devenir. [...]
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