Autrui, c'est à la fois un autre moi et un autre que moi : "un moi qui n'est pas moi" Sartre.
Autrui, c'est l'autre, l'être différent : en ce sens il peut m'attirer, me fasciner, me compléter mais aussi m'effrayer.
Racisme, xénophobie, misogynie, homo phobie.... sont des formes de peur, de refus, de rejet de la différence (...)
[...] La notion de personne est au coeur de la pensée morale d'Occident. Elle a d'un côté son origine dans le droit romain et se dit de quelqu'un qui a une existence civile et qui a des droits par opposition à l'esclave qui est sans droits. L'autre source est la tradition judéo chrétienne avec l'idée de l'égalité des âmes devant Dieu et le devoir de charité universelle ; voire même, dans le Nouveau Testament, l'amour du prochain est identifié à l'amour de Dieu et l'amour des ennemis est considéré comme un témoignage de la vie en Christ : Il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus (Saint Paul, Epître aux Galates ) Kant a médité La Bible qui enseigne à être la fraternité [Tu aimeras ton prochain comme toi même], mais son but n'en a pas moins été de constituer une morale rationnelle, indépendante de la religion. [...]
[...] Dominer autrui, c'est lui ôter sa liberté. Kojève, Introduction à la lecture de Hegel : il ne sert à rien de tuer l'adversaire, il faut le supprimer dialectiquement, c'est à dire lui laisser la vie et la conscience et ne détruire que son autonomie. Il s'agit en fait de supprimer l'autre en tant qu'opposé à soi, de l'asservir. Cette relation maître-esclave est dialectique : le maître montre qu'il domine un être, l'esclave, mais il a aussi besoin de l'esclave pour asseoir son pouvoir ; sans lui ses désirs ne sont pas satisfaits. [...]
[...] A la fois dénudé, sans défense et sacré, ainsi se présente le visage d'autrui. Il signifie l'invitation au respect et le premier rapport à l'éthique. Le visage humain est sacré, par sa fragilité, par son dénuement total de toute protection, il est à la fois exposé à la violence et il annonce en même temps l'obligation infinie de résister au meurtre : à travers lui, j'entends : Tu ne commettras pas de meurtre Rencontrer un homme c'est être tenu en éveil par l'énigme et la grandeur de son visage. [...]
[...] - La prise de conscience de soi passe-t-elle nécessairement par la lutte des consciences ? Le problème d'autrui apparaît au XIX. Il n'est pas absent de la réflexion antique. Dans les dialogues de Platon, la vérité suppose une mise en commun, on recherche, on accouche du vrai ensemble. L'homme est un animal politique : il a besoin de ses semblables pour vivre [cours politique et société]. Aristote : Ethique de Nicomaque : l'amitié est une vertu morale. On retrouve aussi cette idée chez Epicure. [...]
[...] La rencontre [le dialogue, la sympathie, l'amitié, l'amour ] s'avère aussi possibles. Le dialogue et le commencement de l'humanité : là où il échoue, la violence surgit. Il suppose que nous nous entendions tous sur un certain nombre de règles du jeu» raisonnables, rationnelles qui rendent possible la communication : la sincérité, le caractère sensé d'une argumentation L'éthique n'est-elle pas ce refus de la dialectique maître-esclave, le refus de la lutte à mort des consciences opposées, le refus de toute forme d'oppression, d'individualisme et d'égocentrisme exacerbés. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture