Dissertation de philosophie (réalisée par un professeur) traitant la problématique : "Autrui est-il un autre moi-même ?". Les notions clés abordées ici sont la conscience, l'inconscient, la perception et autrui.
[...] Autrui, l'ami, est un autre moi-même La ressemblance constitue l'amitié, nous dit Aristote. L'ami veut un être autre soi-même Percevoir un ami, c'est en un sens se percevoir et se connaître soi-même (Ethique à Eudème, VII, 12). Aristote définit l'amitié par la ressemblance, conçue comme une synthèse d'identité et de différence. L'ami est l'alter ego, le semblable, qui n'est ni identique ni différent, parce qu'il est les deux simultanément. On ne peut en effet faire de l'identité le principe de l'amitié, remarque-t-il. [...]
[...] L'étranger qui n'a pas été élevé comme moi et n'obéit pas aux mêmes lois n'est pas un autre moi-même : il ne peut donc être mon ami et n'est pas un homme si j'en suis un. On peut donc le réduire à l'esclavage au même titre qu'un animal. Mais le fait qu'autrui soit un autre moi-même signifie-t-il forcément qu'il soit mon ami ? L'alter ego est-il l'ami, ou au contraire le rival ? Comment vivre ensemble si je dois me méfier ‘autrui parce qu'il me ressemble ? [...]
[...] Hobbes montre à l'inverse de tous ses prédécesseurs que l'égalité et la liberté naturelle des hommes ne conduisent pas à la paix et à la fraternité, mais à la rivalité et à la guerre de tous contre tous. C'est parce qu'autrui est un autre moi-même qu'il est mon ennemi naturel. Le point de départ de l'analyse consiste à affirmer que tous les hommes sont naturellement soumis à une même loi, qui les oblige à se conserver et à ne rien faire qui puisse nuire à leur propre existence. Cette loi naturelle au sens où elle n'a pas été instituée par les hommes, mais existe indépendamment d'eux, à la différence des lois positives. [...]
[...] La théorie nietzschéenne du surhumain consiste à affirmer que ce que nous appelons l'homme, comme s'il s'agissait d'un être identique et éternel, est en réalité lié à un système de valeur correspondant à une hiérarchie particulière d'instincts qui peut être dépassée. Les notions d'identité de moi d'autrui en sont des manifestations ; vouloir le Surhumain consiste d'abord à penser sans elles. Autrui n'est plus alors l'autre moi, mais l'être sans moi : le lointain et non le prochain. Le moi est en effet une fiction socialement utile, nous dit Nietzsche. Car la vérité est qu'il n'y a rien d'identique dans le monde, tous les êtres étant emportés dans un devenir universel qui les fait changer à chaque instant. [...]
[...] Conclusion Dire qu'autrui est un autre moi-même n'a donc pas le même sens pour Aristote, Hobbes et Nietzsche. C'est faire de lui un ami utile à la connaissance de soi pour le premier, un rival dont l'existence fait obstacle à la mienne pour le deuxième, un coupable idéal, par l'instinct de vengeance pour le troisième. C'est un miroir, estimable et nécessaire pour Aristote, un obstacle dont je dois me méfier, mais avec lequel il me faut composer pour Hobbes, enfin l'instrument de domination des prêtres sur l'humanité pour Nietzsche. [...]
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