autrui, sociologie, anthropologie, ethnologie, Descartes, Hegel, Sartre, Lacan, Lévi-Strauss, Lévinas, identité, conscience
La sociologie, l'ethnologie, l'histoire nous mettent en présence de cultures différentes ayant chacune leur spécificité, leur mode de vie et peut-être surtout leur définition de l'homme. Devant cette diversité humaine quelle attitude adopter ? En écartant le refus pur et simple d'autrui en tant que différent, comment se situer devant cette multiplicité culturelle ? En d'autres termes, en quel sens et jusqu'où puis-je dire qu'autrui est mon semblable ?
[...] Il semble que la réflexion contemporaine échoue, qu'elle soit philosophique ou sociologique, à constituer la rencontre avec l'autre comme positive. Autrui est toujours perçu comme intrusion, captation, violence ou radicale étrangeté. Mais n'est-ce pas d'abord parce qu'une certain tradition de pensée conçoit le sujet comme identique à lui-même, rapport premier de soi à soi et non comme ouverture radicale ? Sans doute Hegel conçoit-il la conscience comme désir, mais ce désir est encore compris en son fond recherche de la conscience par elle-même au-delà de la quête d'un objet, ou d'un autrui, particuliers. [...]
[...] Ainsi il va nous falloir nous demander s'il est bien certain que le moi est d'emblée clos sur lui-même. Ne peut-on plutôt le saisir comme ouverture sans restriction de l'autre ? Ne pourrait-on concevoir le rapport à autrui comme une aventure et non comme un conflit ? Cela ne signifierait pas pour autant que ce que les penseurs précédents ont décrit soit faux ou inexistant, mais qu'ils auraient pris comme situation originaire ce qui n'est que la conséquence des difficultés ultérieures d'une vie sociale complexe. [...]
[...] Aliénation, elle aussi, posée comme indépassable. Car si, sans doute, une inter-subjectivité va m'être donnée avec le langage, celle-ci va être aussi le lieu d'une nouvelle forme d'aliénation – non plus imaginaire mais symbolique. Le « je » que m'offre le langage s'avère n'être qu'un « pôle d'attributs » qui préexiste à toute définition personnelle de « soi ». Le langage est, en cela, cause d'une coupure du sujet avec lui-même, avec une partie de lui-même qui n'est pas « symbolisable », qui reste « innommable ». [...]
[...] A proprement parler, il ne peut me concerner. Ce que Lévinas, au contraire, fait valoir c'est que la responsabilité, ma responsabilité, vis-à-vis d'autrui précède en moi tout choix, précède même toute prise de conscience de moi –même. Autrui me concerne avant toute considération de moi-même. Il incarne une exigence à laquelle je ne peux me soustraire : l'exigence d'une responsabilité personnelle, d'une responsabilité à laquelle, seul, je puis répondre. En d'autres termes, je n'ai plus à poser la question qui nous a préoccupés depuis le début, c'est-à-dire de savoir si autrui doit être compris comme un obstacle ou comme une chance. [...]
[...] J'appartiens à un ensemble social et culturel et je rencontre un autre individu, lui-même inscrit dans une société et une culture définie, qui est la même que la mienne ou une autre. Il faut peut-être alors reformuler la question qui deviendrait : l'étranger est-il mon semblable ? Puis-je comprendre une autre culture ? Qui pourrait mieux répondre à cette question que l'ethnologue ? Mais qui, mieux qui lui, pourra nous montrer les pièges de toute volonté d'y répondre ? Sans doute, spontanément, restons-nous prisonniers de nos propres valeurs et nous contentons-nous d'estimer les autres sociétés à partir de la nôtre. [...]
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