La nature est l'ensemble des êtres et des choses qui constituent l'univers, c'est le monde physique, initialement non transformé par l'homme.
Les auteurs chinois de l'antiquité, il y a environ 2000 ans, et plus précisément avant l'établissement du Régime impérial en 221 avant l'ère chrétienne, possédaient une vision particulière de la nature dont l'homme ne peut être dissocié, et dont certains aspects ont perduré jusqu'à nos jours. En 221 avant JC, l'Etat de Qin situé au nord ouest a contraint le pays à s'unifier. Dès lors, le roi de Qin, Shi Huangdi, prend le titre de Premier Empereur.
Il apparaît que la civilisation chinoise a été et demeure toujours dans une certaine mesure, terrienne et paysanne et non pastorale, contrairement aux civilisations grecques ou hébraïques.
Ainsi, dans la classification traditionnelle chinoise, les paysans sont vus comme les éléments les plus utiles à la société, car ils nourrissent la population. Les artisans, qui fabriquent des produits dérivés ou les commerçants, qui ne font que circuler les marchandises, ont des rôles plus subalternes.
Ceci montre l'extrême importance de la nature pour les chinois, qui entretiennent une relation unique avec cette dernière.
De fait, dans la terminologie ancienne, le mot « nature » peut être traduit par « de soi-même ainsi ». Le naturel n'est donc pas conçu comme un univers distinct du monde humain, mais il s'agit d'un processus spontané qui englobe le monde des hommes. La nature chinoise, c'est également le « tao » ou le « dao », c'est-à-dire la Route, le Chemin, la Voie. Dans la littérature antique, ce tao correspond à la voie du Ciel.
On peut donc se demander : Comment les auteurs chinois de l'Antiquité concevaient- ils les rapports entre l'homme et la nature ?
Pour répondre à cette question, nous étudierons tout d'abord la conception de la nature pour ces auteurs, pour qui l'homme est partie prenante de la triade cosmique (ciel, terre et homme). Ensuite, nous examinerons le comportement humain qui découle de cette relation particulière à la nature. Il se traduit par l'élaboration de théories et d'une philosophie, d'une philosophie « de jardinier », mais aussi par l'application pratique de ces principes, qui se constate par exemple à travers l'agencement des jardins chinois ou l'art de la géomancie (fengshui) en Chine.
[...] Loin d'identifier clairement chaque élément et de les séparer, la nature entremêle les phénomènes, les juxtapose et crée un lien d'interdépendance entre eux. Ce lien est celui de l'harmonie qui veille à la viabilité de chaque élément et de son contraire. La nature ne peut donc pas être pensée comme un ensemble désordonné et chaotique. Elle est l'expression même de l'extraordinaire fluidité de la pensée chinoise qui tisse un lien entre les différents éléments qui la composent et leur devenir. Le principe du yin et du yang, tout comme l'univers, est changeant. [...]
[...] On agit alors comme de l'eau qui, souple et douce, parait inoffensive, mais qui est en réalité capable d'entamer les roches les plus dures. Ainsi, pour les auteurs chinois de l'Antiquité, le naturel est végétal et non pas animal, et la Nature doit orienter, guider la philosophie et les comportements humains. Cette nature doit être respectée, et c'est pour cela qu'elle est humanisée, domestiquée plutôt que dominée et domptée. Ceci, en particulier, peut se constater dans l'harmonie des peintures chinoises ou dans le soin et l'amour que les Chinois portent à leurs bonzaïs paysages en pots en chinois). [...]
[...] Le taoïsme nous offre une version extrême de ce principe en plaçant l'homme dans une position de détachement total, qui débouche sur une soumission à la nature et au destin. La nature apporte le bonheur et c'est ainsi que l'homme doit l'épouser et faire corps avec elle. Conclusion Ainsi nous avons pu voir que pour les auteurs chinois de l'Antiquité, l'homme ne peut se concevoir sans la nature et inversement. Cela s'est traduit par une vision particulière de la nature, qui suit une logique de non-contradiction, et dont l'homme fait partie intégrante. [...]
[...] Exemple 1 : Le Yi Jing On fait remonter cette philosophie de complémentarité au Yijing, le fameux livre des Mutations, composé par étapes successives entre la fin des Zhou occidentaux (1050-770 av JC) et les Royaumes Combattants (453-221 av JC). Ce livre est une grille de 64 hexagrammes, permutation de six lignes pleines ou brisées. A chaque hexagramme est associé un nom (ex. : Le puits) et à chacun des six traits correspond un oracle (ex : trait 4 : le puits est maçonné. Pas d'infortune). Viennent ensuite dix commentaires distincts appelés les Dix Ailes. La pensée de cette époque vient de l'observation de la nature et de ses cycles. [...]
[...] Les 64 hexagrammes sont en quelque sorte le reflet du monde dans lequel nous vivons. Ils représentent tous les schémas possibles d'interactions entre deux entités complémentaires (lune/soleil, temps/espace, eau/feu A chaque hexagramme correspondent un état et l'ensemble de ses transitions possibles. Exemple de trigrammes (la combinaison de ces 8 trigrammes donne 64 hexagrammes) : Source : www.chine-informations.com Ainsi, l'observation de la nature et l'interprétation de ses manifestations dans le monde réel dictent à l'homme sa conduite et son comportement. La nature est donc pour l'homme plus qu'un simple recueil de règles à suivre, elle est le véritable reflet du monde. [...]
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