Avant-propos :
Il faut purifier Aristote de tout ce que la tradition lui a ajouté. On a voulu faire de la pensée aristotélicienne un système, même s'il est alors incomplet – en réalité, la pensée aristotélicienne se cherche, évolue. Elle est marquée de contradictions, qui peuvent être dues à notre interprétation, au philosophe ou à l'objet lui-même. Celles-ci peuvent être résolues par l'évolution de la pensée. Il faut donc être plus attentif aux problèmes qu'aux doctrines. La démarche aristotélicienne est dialectique, et la Métaphysique a une structure aporétique.
Introduction : la science sans nom :
L'existence d'une ontologie n'était pas évidente à l'époque, à laquelle on distinguait trois branches : la dialectique, la physique et la morale. La métaphysique est la science de ce qui est au-delà de la nature, première car la plus éminente. Elle n'est pas la science de l'être en tant qu'être, qui elle est la philosophie, mais en est une partie avec la physique et les mathématiques. La science recherchée dans la Métaphysique peut être la théologie – or Aristote n'en parle pas – ou autre chose – une science sans nom.
La philosophie peut être antérieure selon la nature, pour nous et parce qu'elle est plus estimable. Ainsi est-elle le point de départ nécessaire. A ses débuts, Aristote pense que la cause est plus facile à comprendre que l'effet, et donc que les principes doivent être immédiatement connus pour que les choses dont ils sont principes puissent l'être. Les prémisses sont antérieures logiquement, chronologiquement et épistémologiquement. On connaît les principes par intuition, non par déduction. Un problème se pose : comment le plus connaissable en soi peut être le moins connaissable pour nous ? C'est la méthode qui nous rend connaissable ce qui l'est en soi ; notre point de départ est le monde sensible, alors que le point de départ absolu est le monde intelligible. D'où la métaphysique est en soi antérieure et est première. Mais alors où placer l'ontologie ?
[...] Tout ce qui relève de la pratique est divin. Aristote ajoute à la théologie astrale la théorie du premier moteur, qui est condition de l'éternité du mouvement, et qui explique le passage du repos au mouvement. Mais y a-t-il encore transcendance, puisque le premier moteur doit être en contact avec le premier mobile ? Non car nous pensons le premier moteur à partir de notre expérience des mouvements naturels. Le premier moteur meut le monde car le monde tend vers lui, par une force semblable du désir. [...]
[...] On ne peut donc rien de l'être et l'être ne nous dit rien sur ce à quoi on l'attribue, car il n'y ajoute rien. Ces conclusions sont négatives et aporétiques, mais l'être n'est pas pour autant un néant, car l'être en tant qu'être est l'unité de nos intentions significantes : il n'est pas aucune, mais une multiplicité, de significations. Il semble qu'il n'y ait pas de science de l'être. Mais il doit y en avoir une : la philosophie doit être une science une, et universelle parce que première. [...]
[...] Elle résout le problème de l'inaccessibilité de la théologie car les astres sont des êtres éternels mas visibles. L'intelligible est alors saisi dans une esthétique et non plus dans une dialectique. La transcendance crée la distance, et la vision est la présence dans l'absence. Il n'y a pas d'ordre dans le monde sublunaire. L'âme est ce qu'il y a de divin en nous. L'homme est donc lié de deux manières au divin : extérieurement, par la contemplation du monde céleste ; intérieurement, par la co-naturalité de l'intellect avec le désir. [...]
[...] Le problème du langage est qu'il parle toujours au général alors que le monde est particulier. L'ontologie, qui est discours sur l'être, étudie donc aussi la distance entre le mot et l'être. Le vice du langage est l'homonymie un mot référant à plusieurs choses), car il y a exigence d'unité de la signification. Cette homonymie, ou équivocité, porte soit sur les signifiés, soit sur la signification, et c'est cette seconde homonymie qui est la base du discours sophistique. Ainsi, pour les contrer faut-il déterminer le nombre de significations d'un mot. [...]
[...] D'où la métaphysique est en soi antérieure et est première. Mais alors où placer l'ontologie ? Première partie : La science recherchée Être et histoire Aristote prend en compte l'histoire de la philosophie et il s'y positionne. Il reprend aussi l'idée sophistique d'un progrès dans la connaissance, et ce progrès a une fin, fin qui donne sens aux efforts. Tous ses prédécesseurs ont participé à une recherche qui est commune avec lui. Mais c'est la philosophie conséquente qui donne sens à la philosophie antécédente, pas l'inverse. [...]
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