S'il est difficile de déterminer en général ce qui caractérise la philosophie, on peut au moins s'accorder sur le fait que tout philosophe entretient, que ce soir de manière naïve ou critique, un rapport privilégié avec la raison. A ce titre, le philosophe a tendance à entrer facilement dans le rôle du critique des opinions et des croyances de toutes sortes. Cette position spéciale a contribué à donner au philosophe l'image du sceptique, celui dont les convictions et les croyances doivent toujours être soumises à l'examen critique de la raison.
Peut-on cependant défier l'attitude philosophique par la décision de ne jamais croire ?
[...] En ce sens, comme idéal visé, le philosophe peut croire qu'il est possible de ne jamais croire. On a essayé de montrer comment l'apparente opposition de la philosophie avec toutes les formes de croyances pouvait masquer la présence au cœur de l'attitude philosophique d'éléments qui en fin de compte sont du registre de la croyance. Il est apparu qu'on ne pouvait guère prétendre s'être débarrassé de tous ses préjugés, encore moins concevoir cet état comme le résultat d'une libre décision. [...]
[...] Ne doit-il pas concéder qu'il lui faut au moins croire sinon dans la valeur, du moins dans la possibilité de l'attitude philosophique définie par la décision de ne jamais croire philosophique ? Le philosophe peut-il prétendre, à la manière d'un Descartes, se défaire, au moins une fois en sa vie de tous ses préjugés ? Pour Descartes, la chose n'est possible que dans la mesure où nous pouvons tout mettre radicalement en doute. Il est universel, c'est à dire volontairement exagéré ; radical, c'est-à-dire qu'il s'attaque à la racine même de nos connaissances. [...]
[...] L'illusion fondamentale de la philosophie tiendrait précisément dans cette ambition d'échapper à toute forme de croyance. Il n'en reste pas moins que, comme projet de la raison, la philosophie se doit d'avoir une certaine position critique à l'égard aussi bien des croyances qui se donnent comme telles que des croyances plus difficilement repérables parce que n'étant jamais perçues comme telles. Plutôt que dans la décision ponctuelle de ne jamais croire, l'attitude philosophique réside plutôt dans l'effort pour repérer ce qui est, à notre insu, manifestation de nos croyances. [...]
[...] L'attitude philosophique peut-elle être définie par la décision de ne jamais croire ? S'il est difficile de déterminer en général ce qui caractérise la philosophie on peut au moins s'accorder sur le fait que tout philosophe entretient (que ce soit de manière naïve ou critique) un rapport privilégié avec la raison. A ce titre, le philosophe a tendance à entrer facilement dans le rôle du critique des opinions et des croyances de toutes sortes. Cette position spéciale a contribué à donner au philosophe l'image du septique, celui dont les convictions et les croyances doivent toujours être soumises à l'examen critique de la raison. [...]
[...] La philosophie travaille d'une certaine manière contre elle-même, c'est peut-être ce qui rend l'attitude philosophique, surtout lorsqu'elle se veut radicale, intenable et précaire. Dans sa dimension critique, elle ruine toutes les assises sur lesquelles elle pourrait tenter de s'édifier, tout comme elle se met dans la posture de critiquer les autres formes de savoirs, qui, elles, n'ont pas nécessairement besoin de clarifier leurs fondements et leurs buts pour progresser. Dans cette perspective, on ne peut définir l'attitude philosophique par une décision, mais bien plutôt comme une certaine disposition de l'esprit qui est le résultat sur soi et sur la compréhension qu'on peut avoir d'autres formes de savoir. [...]
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