Dans une vie il y a plusieurs contraintes liées aux désirs. Principalement, celle de ne pas pouvoir acquérir ce que l'on désire véritablement, mais aussi celle de l'obtenir. Notre relation et surtout notre dépendance au désir sont alors assez ambiguës. Car, si le désir non assouvi provoque un manque, une souffrance et une frustration liée à l'insatisfaction, l'accomplissement du désir est aussi une tragédie puisque, assouvi, il laisse sa place à un nouveau désir qui engendre la même insatisfaction (...)
[...] Le désir comme moteur de vie et comme créateur de valeurs De ce fait, on peut même définir l'homme par le désir, comme le déclare l'épistémologue Gaston Bachelard L'homme est création du désir. Car accomplir ses désirs consiste à rechercher l'utile qui nous est propre. Le bon se définit d'ailleurs comme ce qui est l'objet de nos désirs. Quelque chose est bon parce que nous le désirons, le désir apparaît alors comme producteur de valeurs. Mais, on pourraient se demander si justement, tous nos désirs proviennent- ils de nous-mêmes ? [...]
[...] Et si satisfaire tous ses désirs contribue-t-il réellement à notre bonheur ? II Le désir comme obstacle au bonheur L'infini du désir D'autre part, il nous faut revenir à l'expression accomplir tous ses désirs Accomplir tous ses désirs serait les satisfaire sans exception, sans relâche, au fur et à mesure qu'ils apparaissent. Or ne s'agit-il pas là d'un processus sans fin ? Nous pouvons donc comparer le désir au tonneau des Danaïdes. Selon la mythologie, les Danaïdes ont été condamnées à remplir d'eau un tonneau percé. [...]
[...] Il faut, non pas accomplir tous ses désirs, mais restreindre nos désirs. Il s'agit, au fond, de n'avoir que des désirs raisonnables. Réaliser tous ses désirs est alors une bonne règle de vie mais à condition de régler le désir lui-même, de ne désirer que ce qui est possible. Pour Épicure, nul désir n'est condamnable tant qu'il donne du plaisir, en revanche aucun désir qui conduit à la douleur ne doit être accompli. Ainsi, satisfaire tous ses désirs, sans maîtrise, n'est pas une bonne règle de vie au sens où cela ne conduit pas au bonheur. [...]
[...] Donc la seule délivrance est la négation du vouloir vivre, non pas dans le suicide, mais dans l'acte de non volonté. Il faut renoncer au désir qui est le mal, en refusant les biens de ce monde. Mais cette solution est elle réellement efficace. Car rien ne peut vaincre la volonté, même la mort ne supprime rien. De plus, si satisfaire tous ses désirs n'est pas une bonne règle de vie, l'alternative est-elle vraiment de n'en satisfaire aucun ? Renoncer à certains désirs La sagesse antique, dans sa recherche du bonheur, est moins radicale. [...]
[...] Car agir selon ses désirs n'est pas agir selon sa volonté car cela suppose la mise en œuvre de la raison. Le désir, en revanche, est singulier, propre à celui qui l'éprouve. Par exemple, si je désire le bien d'autrui, cela ne signifie pas que celui-ci désire me le donner. De ce fait une vie n'est pas compatible avec la satisfaction totale des désirs. On peut aller jusqu'à affirmer que le désir est toujours fondamentalement désir de l'autre. Dès qu'un bien est possédé par tous il n'intéresse plus personne et le désir se porte sur autre chose. [...]
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