Arts imitatifs, Platon, Plotin, vision du monde, organisation du monde, concept de Beau
L'oeuvre d'art, produit du génie créateur de l'homme, a souvent prétendu être un moyen d'atteindre un absolu, qui est de l'ordre du suprasensible, autrement dit du lieu intelligible de Platon ou de l'UN de Plotin. L'art serait alors censé, dans notre inconscient collectif, exprimer ce qui est de l'ordre de l'absolu, nous faire avoir accès à ce qui est « transcendant », à la vérité.
Néanmoins, les arts ont-ils réellement la capacité, constituent-ils vraiment un moyen d'atteindre un absolu? Comment cela serait-il possible, si l'absolu est par essence ce qui ne dépend d'aucune condition, et d'autant plus, d'aucune condition sensible?
[...] Monique Dixsaut, Essai (Poche) PLATON, Le Sophiste, Essai (Poche), Ed. [...]
[...] Sans rompre avec l'héritage antique, Plotin développe lui une réflexion sur les arts imitatifs et sur la question du Beau beaucoup moins dévalorisante, et en vient même jusqu'à faire l'éloge de l'art. En effet, l'art n'est pas un genre d'être ontologiquement inférieur par rapport à l'absolu qu'il contribuerait à nous cacher ; il est au contraire un moyen sensible d'évoquer quelque chose au-delà du sensible. Ainsi, dans l'ensemble des Ennéades, Plotin instaure une analogie de fait entre le procédé de contemplation dans l'art et le procédé de contemplation de la vérité, car l'œuvre d'art possède en elle les principes intelligibles de connaissance des choses. [...]
[...] L'œuvre d'art, et plus globalement les arts imitatifs sont-ils seulement quelque chose de sensible Ne peuvent-ils pas nous faire accéder à ne serait-ce qu'un aperçu du monde véritable, celui des Idées et des Formes tel que Platon le définit ? Pour envisager quelque réponse, il s'agit de rappeler les thèses initiales des deux auteurs, et de voir à quel moment leur vision du monde et de sa réalité divergent. Car en effet, si la 1 philosophie de Plotin se fonde sur celle de Platon, il existe dès le départ des divergences conséquentes. [...]
[...] Néanmoins, les arts ont-ils réellement la capacité, constituent-ils vraiment un moyen d'atteindre un absolu? Comment cela serait-il possible, si l'absolu est par essence ce qui ne dépend d'aucune condition, et d'autant plus, d'aucune condition sensible? Nombreux sont les philosophes à s'être penchés sur ces questions d'ordre métaphysique. Pour comprendre les différentes réponses apportées à ces questions ainsi que leur validité, nous pouvons appuyer notre réflexion sur deux célèbres penseurs : Platon, qui dénonce l'assujettissement de l'art au domaine du sensible, et par-là, montre que l'art est incapable de manifester un absolu ; et Plotin, qui bien qu'étant le continuateur de la pensée de Platon sur de nombreux points, pense que l'art a la capacité de nous élever au lieu intelligible. [...]
[...] Il s'agit de trouver l'unité d'une essence au-delà de la multiplicité sensible. Car comme Platon nous l'a montré dans l'Hippias, la plupart des Hommes connaissent la multiplicité sensible, mais ne savent rien du lieu intelligible. Nous n'avons pas l'idée du Beau dans notre tête, cette idée est ailleurs, plus précisément dans la partie immortelle de notre âme, partie qui permet la réminiscence de toutes les formes intelligibles. Platon le montre ainsi dans l'Hippias, lorsque Socrate pose la question suivante: pourrais-tu me dire ce que c'est que le beau ? [...]
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