Dans son article « L'invention de la perspective » Daniel Arasse (Histoire de peintures) montre que la perspective en tant que signe et conséquence d'un contexte politique et social, n'était pas seulement la représentation la plus adéquat de l'espace, mais qu'elle rendait compte d'une mutation historique du regard. La perspective en déplaçant le point de fuite à hauteur des yeux, permettait la représentation d'un espace clôt et limité : un espace complètement humanisé
[...] Il semble à ce titre que toute l'histoire de la peinture propose une réflexion sur la représentation de l'espace. Exemple de la perspective : on peut penser à La Mer de glaces de Caspar David Friedrich, en perspective atmosphérique, c'est-à-dire la couleur de chacun des plans se rapproche de plus en plus du bleu de l'horizon, donnant un sentiment intense de profondeur. Mais on peut également cité Number 5 de Jackson Pollock, qui explore avec sa technique de l'action painting l'infini des espaces en peinture. [...]
[...] Telles sont l'architecture et la sculpture. Alain écrit que l'une des lois de l'architecture est de rendre la grandeur sensible « On a assez dit que la tour Eiffel n'est point belle ; mais placez-vous sous les arceaux et près d'un pilier et considérez les trois autres, vous aurez toujours une impression bien forte, et qui ne me semble pas sans rapport avec la beauté ; » Ainsi, ce qui rend cette grandeur sensible, ce qui nous fait prendre conscience de la masse, de la hauteur des pyramides ou de la tour Eiffel et qui en font des arts, c'est leur immobilité, qui nous permet d'en faire le tour. [...]
[...] Heidegger dans l'allocution du 3 octobre 1964 à l'occasion de l'inauguration d'une exposition des œuvres de Bernhard Heiliger, à la galerie Erker à St-Gall, et repris dans l'opuscule Arts – sculpture – espace déclare à ce titre que « l'homme n'est pas dans l'espace à la manière dont l'est un corps. L'homme est dans l'espace de telle sorte qu'il concède-et-aménage l'espace. » Posant la question de l'essence de la spatialité, Heidegger montre qu'on ne peut définir l'espace en lui-même. L'espace ne peut être défini positivement que dans la confrontation que lui oppose l'homme, et plus particulièrement dans l'aménagement que l'homme fait de l'espace. [...]
[...] Comment se fait-il en effet qu'une surface plane puisse nous donner un aperçu de ce qu'est la profondeur, comment le tableau peut-il nous faire percevoir des volumes ? Or pour Merleau-Ponty il n'est pas question d'opposer à l'espace concret et matériel du tableau à l'espace reconstruit dans l'expérience vécu. Pour la phénoménologie en effet, être c'est apparaître. À ce titre, la peinture s'installe dans le monde pour le faire apparaître, le peintre n'est pas face au monde, il est l'occasion pour le monde de se montrer : alors la peinture se place au moment même où le monde se fait monde. [...]
[...] Pourquoi l'art a t-il toujours affaire à l'espace ? De quelle manière l'espace détermine t-il la réception de l'oeuvre d'art ? 1 A – L'espace comme lieu. L'art dans ses différentes manifestations n'a pas lieu nulle part, ni n'importe comment. Quand on entre dans un musée, on pourra en effet être frappé par l'espace, voire même le vide qui sépare chacune des œuvres. Le musée offre un espace aéré, destiné à concentrer notre attention sur la singularité de l'oeuvre. Quand le monde urbain multiplie les sollicitations extérieures, qu'elles soient auditives ou visuelles, le musée offre un espace dégagé, vide et silencieux. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture