Dans plusieurs de ses dialogues, Platon prête à Socrate des propos très sévères sur les artistes, qu'il considère comme de simples imitateurs de la nature, marchands d'illusion, peu différents des sophistes. Pour son disciple Aristote, l'art contribue au contraire à une « purification des passions » (en grec, catharsis) : la poésie ou le théâtre éveillent en nous des émotions qui, à l'inverse de ce qui se passerait dans la vie réelle, sont éprouvées sans dommage et ressenties comme apaisantes. L'opposition entre Platon et Aristote porte sur un enjeu fondamental : quel lien l'art doit-il entretenir avec la réalité ?
Des siècles plus tard, le peintre, graveur et théoricien allemand Paul Klee (1879-1940), nota que le processus créatif dépendait en grande partie de l'inconscient : inépuisable créateur de formes, il voulait « pénétrer l'intérieur et non refléter la surface ». « L'art ne représente pas le visible, affirmait-il, il rend visible. » Que voulait-il dire ? De quelle façon tout art " rend visible " et que rend-il visible ?
[...] Ce qui n'imite pas, mais qu'on imite. C'est pourquoi, comme disait Malraux, c'est dans les musées qu'on apprend à peindre Seul le génie fait loi : l'art ne se reconnaît vraiment que dans ses exceptions, qui sont sa seule règle. En outre, ce sont les génies qui font avancer l'art, qui le constituent, et ils sont aussi irremplaçables après coup qu'imprévisibles à l'avance. Paul Klee est l'un de ces génies qui ont marqué l'histoire de l'art. Il a déployé dans son œuvre une liberté et une puissance inventive en accord avec le but qu'il a défini lorsqu'il a affirmé : L'art ne représente pas le visible, il rend visible Lorsque nous étudions la composition de ses tableaux, nous pouvons constater que la plupart d'entre eux sont constitués d'éléments figuratifs très simplifiés, schématisés, ramenés à l'essentiel de leur forme. [...]
[...] Pour son disciple Aristote, l'art contribue au contraire à une purification des passions (en grec, catharsis) : la poésie ou le théâtre éveillent en nous des émotions qui, à l'inverse de ce qui se passerait dans la vie réelle, sont éprouvées sans dommage et ressenties comme apaisantes. L'opposition entre Platon et Aristote porte sur un enjeu fondamental : quel lien l'art doit-il entretenir avec la réalité ? Des siècles plus tard, le peintre, graveur et théoricien allemand Paul Klee (1879-1940), nota que le processus créatif dépendait en grande partie de l'inconscient : inépuisable créateur de formes, il voulait pénétrer l'intérieur et non refléter la surface L'art ne représente pas le visible, affirmait-il, il rend visible. Que voulait-il dire ? [...]
[...] C'est invention, non création, et peu importe le sujet qui invente. Sans les frères Lumières, nul doute que nous aurions eu quand même le cinéma. Mais sans Shakespeare, sans Michel-Ange ou sans Bach, nous n'aurions jamais eu aucune de leurs œuvres ni rien qui puisse les remplacer. Ce n'est pas seulement le rythme, les personnages ou le cheminement anecdotique de l'histoire de l'art qui eussent été différents, mais bien son contenu le plus essentiel et même, pour une part son orientation. [...]
[...] Etant entendu que les intentions de l'artiste peuvent nous atteindre par le moyen d'une œuvre qui finit par échapper à son contrôle, il s'agit à présent de comprendre pourquoi cette œuvre nous touche, nous qui sommes extérieurs au processus de sa réalisation. La psychanalyse, en interprétant l'œuvre comme expression plus ou moins consciente des aspirations profondes de l'artiste, nous permet de répondre en partie à cette question. Une œuvre, comme un rêve ou un délire, tend à la fois à exprimer et à exaucer de façon détournée les pulsions profondes et inconscientes de l'artiste, dont la satisfaction n'est pas autorisée dans la vie réelle. Ces pulsions sont ainsi sublimées grâce au réinvestissement de l'énergie hors du commun qui les anime. [...]
[...] Pour en revenir à la citation de Paul Klee, représenter en art consiste donc à rendre présent sous la forme d'une œuvre la manière avec laquelle l'artiste se représente le monde. Cette œuvre est l'objectivation de son rapport subjectif avec ce qui l'entoure, de sa manière de le concevoir, de le percevoir et de le vivre. Ainsi, les grands artistes sont ceux qui mêlent la solitude à l'universalité, la subjectivité à l'objectivité, la spontanéité à la discipline. Ils créent, mais ils ne copient pas. La notion de création est d'abord d'origine religieuse. C'est l'opération inexplicable par laquelle un dieu est capable, à partir de rien, de produire l'univers. [...]
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