L'Art est image du monde, il est à la fois ressemblance et différence au monde, à la Nature : l'Art est à la fois être et non-être. C'est en cela que Platon le compare à un fantôme, un mensonge au 2e degré puisque l'Art est l'image d'un monde sensible, déjà éloigné de l'Idée et donc du monde intelligible, qui lui seul est la Vérité, le Beau, le Bien. Comment cette image trompeuse tirée de l'expérience sensible pourrait-elle contenir en elle l'idée de Bien ? L'Art représentatif semble en effet s'éloigner du Beau véritable au profit d'une image imparfaite du monde sensible.
Or une croyance populaire veut que l'Art adoucisse les mœurs, qu'il cultive en quelque sorte l'âme humaine, qu'il la rende plus belle. Or, le Beau sensible, l'esthétique qu'est l'Art, n'est pas le Bon, le Moral, capable de rendre un homme meilleur, d'atteindre son âme pour la changer. L'Art n'a-t-il alors d'autres fonctions que celle de nous plaire ? Est-il dénué de toute détermination morale ? Ou l'homme peut-il encore y puiser de quoi élever son âme ?
[...] L'art rend-il l'homme meilleur ? Une croyance populaire veut que l'Art adoucisse les mœurs, qu'il cultive en quelque sorte l'âme humaine, qu'il la rende plus belle. Or, le Beau sensible, l'esthétique qu'est l'Art, n'est pas le Bon, le Moral, capable de rendre un homme meilleur, d'atteindre son âme pour la changer. L'Art n'a-t- il alors d'autres fonctions que celle de nous plaire ? Est-il dénué de toute détermination morale ? Où l'homme peut-il encore y puiser de quoi élever son âme ? [...]
[...] L'Art embellit donc l'âme humaine, et conséquemment, l'action de l'homme. C'était par ailleurs le but de l'art religieux : rendre les actions humaines plus justes à l'instar des icônes. L'Art avait alors une fonction morale, qui peut aussi être basée sur la parenté de l'âme avec ce qu'elle connait : contempler le Bien, les actions justes, pousserait l'homme à une moralité plus haute. Mais il s'agit là d'élévation de l'âme passive où l'âme, au contact du Beau, et du Bien, tend à y ressembler presque naturellement. [...]
[...] Plus qu'amoral, l'Art semble même immoral. Il corrompt l'homme en le poussant à une contemplation solitaire, un rejet du monde qui l'entoure, et d'autrui. L'homme s'intériorise et reste inactif, quand la morale voudrait que l'homme qui a une âme belle s'accomplisse dans les belles actions. L'Art a donc un effet pervers sur l'homme, d'autant plus que, l'Art n'ayant pas qu'un seul sens et ceux-ci n'étant pas clairement affichés, l'homme peut voir dans une œuvre ce qu'il veut y voir, ce qui fait écho à sa propre expérience, et fait preuve alors d'une attitude égocentrique devant l'œuvre qui devient le miroir du spectateur. [...]
[...] En effet, le fait que l'on soit particulièrement touché et éclairé par une œuvre dépend de notre état d'esprit, de notre culture personnelle (il existe des poésies et des œuvres picturales qui resteraient totalement hermétiques pour certaines personnes qui ne sauraient les comprendre), au genre artistique dont il est question et auquel nous sommes plus ou moins sensibles, etc. Mais même s'il ne s'agit que de nous faire entrevoir une partie du sens profond de son Objet, l'Art nous change, même infiniment. Il transcende son attache sensible pour porter l'attention du spectateur aux portes de l'intelligible. L'Art a donc cette capacité de rendre l'âme belle en lui soumettant le Beau. [...]
[...] Le reste de l'entreprise dépend de la volonté de l'homme d'accéder à une moralité plus haute (puisque les belles âmes guident les belles actions). L'Art peut-il donc rendre un homme meilleur ? Oui, si l'homme le veut. [...]
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