L'art entretient avec la beauté une relation très intime et complexe : c'est d'abord celle de la pratique face à la théorie, du moyen tendu vers la fin, de l'effort concret appliqué à la réalisation de l'aspiration idéale, de l'action par rapport à la contemplation : l'art vise le beau. Mais quand cette tension est actualisée, il s'agit alors d'un rapport d'engendrement : l'art produit, ou plutôt crée la beauté. C'est un fait revendiqué et admis, par delà les divergences d'opinion occasionnelles quant à la beauté relative de certaines œuvres d'art. Mais qu'en est-il alors du beau sans l'art ? Peut-on trouver de la beauté ailleurs que dans l'art ? Mais qu'est-ce que la beauté considérée extérieurement à l'art, indépendamment des pratiques artistiques et des théories esthétiques ? Que pourrait-on en dire ? Tout ceci pose la question du lien de dépendance ou d'interdépendance qui unit l'art et la beauté. Pour tenter d'élucider si, sans art, on pourrait parler de beauté, il importe en premier lieu d'envisager la place de la beauté dans le monde, sans l'art justement, afin de déterminer la nature et l'origine du beau. C'est à partir de ces premières réponses que nous pourrons mieux analyser, dans un second temps, le rapport de l'art et de la beauté, en s'interrogeant sur les spécificités de la beauté artistique et sur les présupposés de l'art. Dès lors, nous serons amenés à évaluer la contribution de l'art dans la construction du sentiment esthétique, et en dernier lieu, nous nous interrogerons sur la participation de l'art dans l'élaboration réflexive de la beauté en tant que concept, et sur la place que l'art offre à celle-ci dans le langage.
[...] Il y a une intentionnalité dans la beauté artistique qui lui donne un autre statut et une autre valeur que la beauté naturelle La beauté artistique : une beauté inédite, affranchie de la nature L'histoire de la beauté artistique tend vers un affranchissement de plus en plus grand par rapport à a beauté naturelle : au départ, l'art recherche l'imitation de la nature (cf les grottes de Lascaux et les peintures rupestres d'animaux qui constituaient l'environnement et les préoccupations naturelles de l'homme préhistorique) : c'est la nature qui inspire l'art et l'homme vise à la copier de façon plus ou moins réaliste. L'art est alors, à l'origine, figuratif et globalement concret, du moins mimétique. [...]
[...] Le sens de la beauté qui naît de la fréquentation des œuvres d'art est un travail progressif, une élaboration, une construction, une vraie culture Le rôle de l'art dans l'élaboration du concept de beauté 1. L'art permet de réfléchir sur la beauté Dès lors, l'art permet de réfléchir sur la beauté en tant que catégorie intellectuelle, en tant que concept, en tant que mode d'appréhension cognitive et évaluative du monde. L'art hausse la beauté sur le plan intellectuel : le beau n'est plus seulement un vécu ou une pratique, il devient également un objet théorique, un objet de réflexion, de discussion, un objet mental qui favorise le dialogue. [...]
[...] Hugo, Préface de Cromwell : définition du drame romantique. En soi le grotesque, le burlesque, la farce, etc., en tant que formes de comique incluent déjà le laid. Il peut en résulter, à l'extrême, une véritable esthétique du laid Dès lors on peut en déduire que l'essence ou la vocation authentiques de l'art, du moins selon les conceptions modernes qui prévalent dans nos sociétés contemporaines, est moins une recherche du beau en tant que norme soit la production d'œuvres d'art répondant à une règle esthétique définie (une conception classique de la beauté), qu'une recherche d'une émotion, d'une surprise, d'un effet esthétiques. [...]
[...] Car on reconnaît derrière ces formes a priori laides une volonté, une intention, un regard de l'artiste qui nous émeuvent, qui nous touchent. Le sublime et le grotesque qui coexistent dans le drame romantique font émerger une forme de beauté artistique qui inclue la laideur comme une de ses dimensions fondamentales : ce jeu de contrastes entre le beau et le laid, le comique et le tragique, le noble et le bas, le fascinant et le repoussant, le désirable et l'effrayant, produisent une beauté supérieure qui naît de cette union artistique et paradoxales des contraires. [...]
[...] Sans art, pourrait-on parler de beauté ? Introduction L'art entretient avec la beauté une relation très intime et complexe : c'est d'abord celle de la pratique face à la théorie, du moyen tendu vers la fin, de l'effort concret appliqué à la réalisation de l'aspiration idéale, de l'action par rapport à la contemplation : l'art vise le beau. Mais quand cette tension est actualisée, il s'agit alors d'un rapport d'engendrement : l'art produit, ou plutôt crée la beauté. C'est un fait revendiqué et admis, par delà les divergences d'opinion occasionnelles quant à la beauté relative de certaines œuvres d'art. [...]
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