Dissertation de Philosophie sur le rapport entre l'art et la morale.
[...] Les rayures de Buren, si elles ne s'accompagnent pas d'explications, se confondent avec un mur décoré: il faudrait, pour apprécier Buren, soit comprendre les explications, soit avoir un goût particulier pour les rayures . Si la valeur d'une œuvre n'est qu'une question de caprice de l'individu, alors plus rien n'a de valeur, car tout et n'importe quoi peut- être de l'art. Loin d'être une liberté, il s'agit d'un emprisonnement de l'individu dans son idiosyncrasie, dans un plaisir qui n'est possible que par satisfaction d'un intérêt. II - Vocation morale d'un goût esthétique ? Nous avons ici au moins reconnu la subjectivité du jugement. [...]
[...] Le jugement de goût a-t-il une vocation morale ? I - Dogmatisme et relativisme: l'art contre l'universel ? Nous sommes tout juste à la sortie d'une époque où l'art a été considéré au service de dogmes. Le pouvoir franquiste jugeait sans valeur et interdisait les œuvres dont l'objet était contraire à la morale catholique; le nazisme posait des critères artistiques (nombre d'enfants par famille blonde représentée sur le tableau, etc.) Etablir de tels critères revient à faire de la beauté une propriété objective, et du jugement de goût un jugement déterminant, c'est à dire fondé sur des règles, munis desquelles nous ne pouvons nous tromper. [...]
[...] Je ne dois pas pouvoir expliquer pourquoi je dis que Picasso est beau, si ce jugement est libre. Le beau est en ce sens, comme l'appelle Kant, le "symbole du bien", car il nous apprend à trouver satisfaction dans le désintéressement, et, qui plus est, une satisfaction libre, sans récompense (c'est-à-dire sans satisfaction d'un désir idiosyncrasique). Le goût est à lui-même sa propre récompense, de même que la vertu. L'exercice du goût joue en cela un rôle dans la moralisation de l'individu. [...]
[...] III - L'art peut-il tout représenter ? Mais alors, si le beau n'a pas de critères, peut-il y en avoir pour l'objet de la représentation de façon à ce que l'on sera sûr que si l'objet répond à telle ou telle condition, sa représentation sera belle ou laide ? Nous avons vu que la beauté était désintéressé, et que donc ce qui peut répugner dans la réalité ne le fera pas dans une belle représentation. La beauté de Madame Bovary n'a rien à voir avec la moralité de Madame Bovary. [...]
[...] C'est en ceci que réside la faculté du génie: "nous devons fabriquer nos propres règles " (Rushbie), dans le sens où elles ne sont plus dictées par un dogme ou un tuteur. Pour être une véritable création produisant un plaisir universalisable, les œuvres doivent pouvoir "parler de tout, de toutes les façons possibles". Conclusion En conclusion, nous pouvons dire que si l'art a une vocation moralisante, ce n'est pas par les concepts de l'objet de la représentation (le beau n'est pas la représentation de choses morales), mais dans le plaisir qu'il procure à l'individu. L'art peut donc tout représenter, puisque le jugement de goût est indépendant du jugement moral. [...]
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