Si l'on écoute le discours que les artistes tiennent eux-mêmes sur leur travail, l'affirmation la plus rependue est bien sûr qu'ils cherchent à produire quelque chose de beau. Mais, à partir de là, les conceptions divergent, et l'on entend des slogans d'école aussi opposés que « le beau c'est l'utile » ou « le beau c'est l'inutile ». C'est que la beauté n'est pas une propriété de l'œuvre, mais une qualité, qui, comme le montre Kant, ne peut lui être attribuée que par un jugement. Ainsi, le premier slogan cité est développé par l'esthétique fonctionnelle, selon laquelle la valeur esthétique d'un objet vient de la parfaite adéquation de sa forme à sa fonction ; mais si je juge beau le fauteuil d'un designer, ce n'est pas parce que je pense que sa forme correspond à une étude précise de l'attitude du corps assis, ni que je désire m'y asseoir, mais parce que je le considère globalement comme une pure forme. L'œuvre d'art ne contient pas de la beauté, on peut dire qu'elle donne à voir de la beauté. L'étude de l'art ne dépend donc pas d'une théorie générale du beau (esthétique). Comme l'exprime Valéry : « …Si l'esthétique pouvait être, les arts s'évanouiraient devant elle, c'est-à-dire devant leur essence. »
[...] Qui ne voit en effet, dans les somptueuses natures mortes que peignaient les Flamands au XVIIe siècle, non seulement le goût des beaux objets, et de la consommation mais aussi le plaisir supérieur de maîtriser le trajet de la lumière au travers les transparences et les corps, de capter les appâts de la matière dans une approbation dont toute consommation est exclue ? Qui ne voit dans les constructions d'un Ferdinand Léger, au début du siècle, la volonté de reprendre en main le monde de la machine ? [...]
[...] HEGEL Esthétique in Textes choisis ; PUF En effet toute activité artistique possède des moyens d'expression propres, elle utilise des conventions telles, qu'il y a une différence de nature, infranchissable, entre ce qu'elle reproduit et l'objet qu'elle reproduit : la perspective peut bien donner une illusion parfaite, elle n'est pas pour autant la profondeur ni l'épaisseur. Il ne fait aucun doute que l'art à une réalité qui lui est propre. L'art dégage des formes illusoires et mensongères de ce monde imparfait et instable la vérité contenue dans les apparences purement illusoires, les manifestations de l'art renferment une réalité plus haute, une existence plus vraie que l'existence courante. [...]
[...] Ainsi, le premier slogan cité est développé par l'esthétique fonctionnelle, selon laquelle la valeur esthétique d'un objet vient de la parfaite adéquation de sa forme à sa fonction ; mais si je juge beau le fauteuil d'un designer, ce n'est pas parce que je pense que sa forme correspond à une étude précise de l'attitude du corps assis, ni que je désire m'y asseoir, mais parce que je le considère globalement comme une pure forme. L'œuvre d'art ne contient pas de la beauté, on peut dire qu'elle donne à voir de la beauté. L'étude de l'art ne dépend donc pas d'une théorie générale du beau (esthétique). [...]
[...] Cette définition n'assigne à l'art que le but de refaire à son tour, aussi bien que ses moyens le lui permettent, ce qui existe déjà dans un monde extérieur, et de la reproduire tel quel. Mais on peut remarquer tout de suite que cette reproduction est du travail superflu, car ce que nous voyons représenté ou reproduit sur des tableaux, à la scène ou ailleurs : animaux, paysages, situations humaines, nous le trouvons déjà dans nos jardins, dans notre maison ou parfois dans ce que nous tenons du cercle plus ou moins étroit de nos amis et connaissances. [...]
[...] André Leroi-Gourhan Le Geste et la parole ; Albin Michel C'est dans cette fonction de l'art que Hegel voit une des manifestations les plus élevées de l'esprit humain. En effet, alors que les choses de la nature n'existent qu'immédiatement et d'une seule façon l'homme, parce qu'il est esprit, a une double existence ; il existe d'une part au même titre que les choses de la nature, mais d'autre part, il existe aussi pour soi, il se contemple, se représente à lui-même, se pense Cette conscience d'être un être pour soi l'homme peut acquérir soit théoriquement, par la connaissance de soi que permet la philosophie, soit pratiquement en imposant la forme de sa volonté au monde extérieur : L'homme agit ainsi, de par sa liberté de sujet, pour ôter au monde extérieur son caractère farouchement étranger et pour ne jouir des choses que parce qu'il y retrouve une forme extérieure de sa propre réalité. [...]
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