Le mot art n'a pas toujours signifié les beaux-arts. tels que la musique, la peinture, la littérature, la sculpture... C'est une distinction récente.
Pendant longtemps, ce mot a désigné la maîtrise accomplie d'une technique, celle des artisans. Art compris comme métier. L'artisan, pour devenir maître, devait réaliser un chef d'oeuvre. Les artisans ne se considéraient pas pour autant comme des artistes, mais comme des techniciens, comme des artisans. Ils ne signaient pas leurs oeuvres.
Le sculpteur, en Grèce, était considéré comme un technicien et avait un statut qui ne différait pas de celui du tailleur de pierre. A quelques exceptions prés. Phidias, par exemple, mais justement il signait ses oeuvres, échappait au statut de l'artisan.
Au Moyen-Age, les grands sculpteurs sont des techniciens, des artisans qui ne se considèrent pas comme des artistes, pas de signatures. La plupart des grandes sculptures des églises romanes ou gothiques n'ont pas de nom, sont anonymes. La signature intervient tard, au XVIème siècle. La technique est du domaine de la routine, de l'anonymat, pas de nom d'inventeur, pas de considération. L'art, en tant qu'il s'en contre-distingue, sera du coté de l'invention, donc signature qui épingle, désigne l'inventeur. Donc sentiment qu'un objet dont l'auteur ne peut être nommé est un objet populaire ou technique, au contraire, dès qu'il peut recevoir un nom, objet d'art (...)
[...] L'art est la production d'un monde autre à côté de celui-ci. Il est la présentation d'un autre monde sensible tel qu'une Idée y soit représentée. A côté de ce monde sensible donné, l'artiste produit un autre monde sensible à la fin expresse de faire signe de l'Idée. (la mélancolie, la victoire, la révolte, le peuple . ) Le Beau artistique offre une présentation directe de l'Idée, mais dans un autre monde, celui de l'art. Le beau naturel est la présentation indirecte, symbolique de l'Idée, comme un lys blanc symbolise la pureté. [...]
[...] L'art abstrait s'est voulu la présentation sensible de l'Absolu. Par l'abstraction, l'art s'est voulu désignation du pur intelligible, manifestation de l'Un, présence du spirituel. Malevitch offre la tentative la plus audacieuse pour donner une présentation sensible de l'absolu avec son fameux tableau nommé "Carré blanc sur fond blanc". Quand l'art représente le réel, il pointe un intelligible certes, mais il pointe aussi quelque chose du réel. L'art n'est pas une copie du monde sensible, mais la présentation d'une Idée, cependant pour la représenter, il utilise le matériau de ce qu'il a sous les yeux, et en ce sens il ne nous en détourne pas, mais peut même nous le révéler. [...]
[...] C'est une finalité sans fin. Une oeuvre sera dite d'art lorsqu'elle ne présentera aucune finalité hors d'elle-même, sera à elle- même sa propre fin. Ne vise qu'à se présenter elle-même. Elle ne sert à rien, elle n'est pas utile. Elle se suffit à elle-même. Elle est une finalité sans fin. Catégorie de l'œuvre d'art : c'est une production humaine, une oeuvre, donc elle a une finalité, mais la différence spécifique, c'est qu'elle est sans fin, c'est-à-dire d'art. Ce qui fait une oeuvre d'art, c'est son caractère sans fin, mais ce que cela indique, c'est que c'est au niveau du regard que l'ouvre est constituée comme oeuvre d'art. [...]
[...] Travaille en fonction de la libre-légalité de l'imagination, entendement se soumet à l'imagination. Accord subjectif sans accord objectif. Le travail du génie n'est pas un travail déréglé, sans règle, pourtant il ne peut exposer scientifiquement comment il réalise son produit. Il ne peut pas donner de truc, des préceptes qui serviraient à produire une oeuvre belle. Cf. Raphaël, "Je suis une certaine idée". Le génie ne s'enseigne pas, c'est un don naturel. Homère ne peut montrer comment ses idées riches de poésie et en même temps grosses de pensées surgissent et s'assemblent dans son cerveau Le génie suit son inspiration, mais celle-ci ne peut être produite par une stimulation sensible, alcool, s'étendre sur l'herbe, ni par une ferme résolution. [...]
[...] L'art produit un autre monde à côté de celui-ci qui est sous nos yeux. L'art n'est pas imitation ou copie exacte de ce monde qui est sous nos yeux, mais idéalisation, transfiguration du réel. Si c'était le cas, si le tableau n'était qu'une copie du réel, si l'art ne cherchait qu'à produire une copie exacte (ayant pour terme de son désir l'exacte adéquation de la photographie, être comme une photographie), alors on ne comprendrait rien à la jouissance que procure une oeuvre d'art et on pourrait dire avec Pascal" Quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux". [...]
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