De tout temps, l'art, dans son sens le plus universel, a tenu une place centrale au sein des sociétés humaines. Toutefois la multiplicité des œuvres qui sont désignées sous le terme d'art rend difficile une définition, par essence généralisante, de la notion d'art. Ceci explique notamment la pluralité des opinions communes que suscite l'art. Cette idée d'un certain éclatement des courants de pensée, et d'une confusion autour du sens de l'art nourrit une réflexion philosophique qui entend éclairer cette opacité de définition. Ce même trouble en effet rend l'art, dans son sens le plus globalisant, sujet de doutes persistants, quant à ses buts et ses caractéristiques. C'est ainsi que naît, pour ainsi dire, la question de la place de la vérité dans l'art. Si l'art est avant tout représentation sensible, on peut douter du fait qu'il rend compte parfaitement de la nature vraie. En ce sens alors, l'art peut apparaître comme une simple donnée sensible qui se limite à la superficialité. Toutefois cette idée entre en conflit avec les buts mêmes formulés par des œuvres qui prétendent dépasser la simple apparence et créer une vérité équivalente voire supérieure par la profondeur de son sens, aux données sensibles qu'elle représente.
[...] Toutefois, elle diffère des autres objets elle n'est pas livrée au désir destructeur. Le rapport de l'homme à l'œuvre d'art est radicalement différent, car il n'est pas un rapport de consommation ou de destruction. L'homme laisse l'œuvre subsister dans sa liberté indépendante, et témoigne ainsi à son égard d'une certaine forme de respect. L'œuvre d'art n'est donc pas sacrifiée à notre satisfaction personnelle, ce qui explique son caractère durable. L'art est donc inscrit dans le réel, et s'adresse aux sens des hommes, dans cette idée il peut être rapproché d'une apparence, puisqu'il est ce qui apparaît, ce qui est donné à voir. [...]
[...] L'art n'est-il qu'un espace dominé par l'apparence ? L'art est-il une copie imparfaite de la réalité, qui ne peut, dans cette idée, qu'échouer dans ses aspirations à trouver un sens intelligible ? Ou l'art est-il une recherche plus profonde de la vérité, qui transcende sa réalité purement sensible ? . I / L'art est avant tout représentation de quelque chose, et en ce sens, il se classe d'emblée dans le domaine du sensible, et est par essence une relation avec un modèle. [...]
[...] L'art est également, outre un révélateur de nous-mêmes, un révélateur du monde. Il ne reproduit pas le visible en effet, mais dans une certaine manière rend visible. C'est en effet la thèse défendue par Bergson. Selon lui, les œuvres d'art évoquent un monde qui ne nous est pas tellement étranger, et nous nous reconnaissons en elles. L'art représente en effet la réalité intérieure et extérieure, il n'est pas seulement l'expression du monde privé et personnel de l'artiste, mais aussi la référence à un monde commun. [...]
[...] L'art est-il le royaume des apparences ? De tout temps, l'art, dans son sens le plus universel, a tenu une place centrale au sein des sociétés humaines. Toutefois, la multiplicité des œuvres qui sont désignées sous le terme d'art rend difficile une définition, par essence généralisante, de la notion d'art. Ceci explique notamment la pluralité des opinions communes que suscite l'art. Cette idée d'un certain éclatement des courants de pensée, et d'une confusion autour du sens de l'art nourrit une réflexion philosophique qui entend éclairer cette opacité de définition. [...]
[...] Le lit fabriqué par l'artisan par l'usage s'adresse à la perception, et constitue déjà une imperfection, puisqu'il fait partie du monde sensible et y est soumis à la durée corruptrice. Le lit peint par l'artiste est une reproduction supplémentaire du monde appauvri qui s'offre aux sens. L'art est ainsi pour Platon l'entreprise inverse de la philosophie, en ce sens qu'il détourne l'homme du monde réel en le confortant dans ses données sensibles, tandis que la maïeutique de Socrate entend ramener l'homme égaré dans le monde sensible vers la contemplation des Idées par l'âme. Dans la thèse platonicienne donc, l'art redouble les apparences, et par là même les renforce. [...]
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