S'il est bien un reproche fréquemment adressé à l'art, c'est qu'il « ne sert à rien », reproche qu'il ne viendrait à l'esprit de personne de faire à l'égard de la science. Tout d'abord parce que celle-ci bénéficie d'un respect de principe, mais aussi parce que l'univers contemporain n'en finit pas de montrer ses conséquences pratiques.
Affirmer que la science serait ainsi plus nécessaire que l'art reviendrait à considérer que la première participe de la définition même de l'homme, de ses facultés et de son univers, alors que le second relèverait du superflu ou de la contingence.
[...] L'art est-il moins nécessaire que la science S'il est bien un reproche fréquemment adressé à l'art, c'est qu'il ne sert à rien reproche qui ne viendrait à l'esprit de personne de faire à l'égard de la science. Tout d'abord parce que celle-ci bénéficie d'un respect de principe, mais aussi parce que l'univers contemporain n'en finit pas de montrer ses conséquences pratiques. Affirmer que la science serait ainsi plus nécessaire que l'art reviendrait à considérer que la première participe de la définition même de l'homme, de ses facultés et de son univers, alors que le second relèverait du superflu ou de la contingence. [...]
[...] De tels cas, pour marginaux qu'ils soient, suffisent à indiquer que l'art, du moins dans son versant créateur, peut être aussi nécessaire que la science : s'il existe des savants bruts leurs trouvailles ne font pas partie de l'histoire de la science, alors que les inventions des artistes bruts font désormais bien partie de l'histoire de l'art. Elle est pourtant affirmée par la majorité : Il n'en reste pas moins que, pour la mentalité moyenne, la science apparaît aujourd'hui comme dotée d'une incontestable nécessité, tel qu'on ne pense plus trop à se demander depuis quand il en est ainsi, ni ce qu'une telle nécessité recouvre. [...]
[...] Si l'on en croit Georges Braque, on doit admettre que la science rassure, alors que l'art inquiète En effet, la science rassure dans la mesure ou elle nous donne des explications de phénomènes naturels et rend le monde moins incertain. On pourrait objecter que, dans ses développements récents, le techno-scientifique a aussi de quoi inquiéter par ses aspects négatifs, mais, comme il semble très improbable que l'on puisse renoncer à ses performances, c'est encore de la science que l'on attend en général qu'elle soit capable de corriger ses propres excès. Et cette universalité n'a rien à voir avec une quelconque utilité : Pourquoi, s'il inquiète, l'art est il néanmoins toujours et partout présent ? [...]
[...] L'inquiétude enseigne au moins que l'utilité et le confort, quel que soit leur degré, ne suffisent pas à combler toutes les attentes de l'homme. Si, dès avant la science, l'art est à l'œuvre pour introduire, dans la conscience comme dans la société, la part de déséquilibre qu'implique l'inquiétude, cela indique qu'il doit exister entre sa présence et celle de l'homme une complicité ou une union profonde, au point que l'on serait tenté d'y trouver la source de la nécessité particulière des pratiques artistiques et de la fréquentation des œuvres. [...]
[...] De la sorte, se demander si l'art est moins nécessaire que la science, c'est en fait attribuer à l'art une véritable contingence : on semble supposer que son absence, son éclipse ou même sa disparition serait pour l'existence de l'homme beaucoup moins grave que celle de la science. Il est vrai que si nous étions privés de toute connaissance scientifique, l'univers contemporain nous deviendrait incompréhensible, et ne tarderait pas à disparaître, car nous ne saurions plus le maintenir en état de fonctionnement. [...]
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