Diderot naît le 5 octobre 1713 à Langres et meurt à Paris le 30 juillet 1784. Son père, qu'il révère, est un coutelier qui lui transmettra le goût de l'artisanat. Denis Diderot est un élève des jésuites tout à fait brillant qui se destine à être prêtre lorsqu'il arrive à Paris vers 1729. La période qui va suivre nous est mal connue : jusqu'en 1742, il délaisse la théologie et a mille métiers (artisan, secrétaire, précepteur, etc.), s'instruit en sciences et en langues étrangères. Sa maîtrise de l'anglais lui permet alors de proposer des traductions de Stanyan ou Shaftesbury (...)
[...] Le bon traducteur est fidèle, mais il fait aussi, et en même temps, une œuvre d'une œuvre. Voilà ce qui fait du travail de l'artiste une création à proprement parler, et non une simple reproduction. Le paradoxe du peintre est donc d'être dépendant de la nature qu'il représente tout en cultivant une autonomie vis-à-vis d'elle, c'est là le seul moyen de créer avec originalité et sérieux, d'être le disciple de l'arc-en-ciel sans en être l'esclave. Du paradoxe du peintre au paradoxe du comédien Nous venons de le voir, l'œuvre d'art n'est pas le réel mais semblable à lui. [...]
[...] C'est cette sécheresse toujours possible de la nature que l'artiste vient compenser pour son spectateur : l'art est cette culture, ce travail de la nature qui est proprement fructueux, il accouche d'un sens souvent caché. Qu'est-ce donc que l'inspiration ? L'art de lever un pan du voile et de montrer aux hommes un coin ignoré ou plutôt oublié du monde qu'ils habitent. L'artiste donne à voir le non-vu L'individu qui est dans la nature ne la contemple pas, il en est trop près et cette proximité l'aveugle. Ici, l'artiste est un auxiliaire fondamental, il donne à voir l'inaperçu, il dévoile et participe à la connaissance humaine. [...]
[...] Désigner au poète comique les ridicules nationaux à peindre59. Le peintre est en charge de la moralisation de la nation, et cette moralisation puise sa matière même dans la nation : représenter avec réalisme les paysages de France, c'est donner au peuple à connaître et aimer sa patrie ; de même, les peintres qui trouvent l'inspiration dans l'Histoire de France participent de ce mouvement qui consiste à donner à l'art français un contenu à la fois populaire et national. L'Histoire donne des leçons que le peintre est bien avisé de méditer, par là même il instruit le peuple et fait œuvre de mémoire. [...]
[...] Diderot va plus loin : l'art est en mesure d'exprimer ce que le langage articulé ne peut atteindre pleinement : Je dis à peu près [ ] qu'il y a des gestes sublimes que toute l'éloquence oratoire ne rendra jamais. Tel est celui de Macbeth [ ] de Shakespeare. La somnambule Macbeth s'avance en silence [ imitant l'action d'une personne qui se lave les mains, comme si les siennes eussent été teintes du sang de son roi qu'elle avait égorgé [ ] Je ne sais rien de si pathétique en discours45 [ ] Si le dramaturge, le metteur en scène et l'acteur sont en mesure de transmettre des émotions et des idées que le langage articulé peine à dévoiler, il en va de même du peintre. [...]
[...] Cet éloge est plus court et vaut mieux que le mien. Le génie de Chardin est de transformer la laideur et la crudité d'une raie à la chair visqueuse en une œuvre d'art belle. Cette opération qui relève d'un enchantement, d'un charme qui subjugue Diderot, inspire au philosophe cette idée que l'artiste participe, par son art, à cette transformation universelle qui caractérise la nature où tout est en perpétuelle mutation et mouvement. L'art ne se confond pas pour autant avec la nature La nature propose une infinité d'objets à représenter, et le talent de l'artiste n'est pas de les représenter tous mais d'opérer un choix parmi eux. [...]
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