Ces trois oeuvres forment une unité, une trilogie pour Balzac, comme il l'explique à Mme Hanska, l'idée maîtresse des 3 contes fait corps : "l'oeuvre est l'exécution tuée par la trop grande abondance du principe créateur".
- Dans Le Chef d'oeuvre inconnu, Frenhofer rate le portrait de la Belle Noiseuse, à cause de la pensée qui tue, à force de retouches successives.
- Dans Massimila Doni, le ténor Genovese veut dire son amour à la Tinti, sur un air de Mosè. Il chante horriblement mal, à cause de la passion trop violente qui l'émeut, i.e. le principe créateur tue l'exécution de l'oeuvre.
- Gambara est à la musique ce que Frenhofer est à la peinture : l'idée pure s'envole, l'artiste ne rapporte rien : "l'informe création" de Gambara est l'équivalent du "paté de couleur claire" trouvé à la place de Catherine Lescaut chez Frenhofer (...)
[...] L'art est un compromis fait au réel Les peintres ne doivent méditer que les brosses à la main (Porbus). Frenhofer n'a pas accepté de faire le compromis d'un art accessible aux hommes. L'activité créatrice est à la fois renoncement à un idéal (une création angélique), mais aussi un dépassement de cet idéal : il essaye et essaye en vain de s'approcher d'un absolu. Où est l'art ? perdu, disparu. Voilà les formes mêmes d'une jeune fille L'art doit accepter la critique, le regard du spectateur Le chef d'œuvre inconnu est un chef d'œuvre méconnu. [...]
[...] Il n'y a que le dernier coup de pinceau qui compte Frenhofer veut plier la technique aux impératifs de la théorie. C'est là que les choses se gâtent. Son tort, c'est d'avoir oublié le réel. Il raisonne et vie dans l'abstrait. Le réel lui résiste. Il ne convient pas que le raisonnement et la poésie se querellent avec les brosses Montrer mon œuvre . Non non, je dois la perfectionner encore. Hier, vers le soir, j'ai cru avoir fini. Ses yeux me semblaient humide, sa chair était agitée. [...]
[...] Inversement, lorsqu'il ne se fie qu'à son intuition, il parvient à exprimer la vie Lorsqu'il retouche Marie l'egyptienne, il y parvient, grâce à l'intuition de l'artisan. Mais l'intelligence au contraire a tué l'œuvre. Frenhofer, lorsqu'il est dans la solitude de son atelier, travaille lentement, obsédé par le détail. Or la beauté dépend de la synthèse, et l'analyse la tue. L'unité qui simule une des conditions de la vie La leçon implicite du chef d'œuvre inconnu Frenhofer a raté sa toile, mais à aucun moment, Frenhofer n'est condamné par Balzac. Poussin au contraire est attaqué. Poussin comme Porbus continuent à l'admirer. [...]
[...] le paradoxe du comédien de Diderot L'idéal absolu de l'Art selon Frenhofer Frenhofer tente vainement de concrétiser un absolu Mais la réduction totale de l'abstrait au concret est impossible, Frenhofer ne se résigne pas, et c'est ce qui tue son œuvre. ( Le fanatisme de la production d'une grande œuvre. En général, tout le monde n'est pas Frenhofer. L'artiste ne se perd pas dans le décalage entre l'œuvre rêvée et l'œuvre créée. Mais cela conforte l'idée que l'oeuvre n'est pas pure intention. Elle se dessine peu à peu, mais l'obsession de l'œuvre rêvée la tue. [...]
[...] Prééminence à la couleur dans l'art vénitien cf. Véronèse, Titien, contre l'école florentine jugée trop académique. L'ombre n'est qu'un accident ( seule la lumière est essence in Chef d'œuvre inconnu Le dessin donne un squelette, la couleur est la vie, mais la vie sans le squelette est une chose plus incomplète que le squelette sans la vie Raphael 1483-1520 Idéal de perfection Le peintre le plus mentionné par Balzac Raphaël est allé explorer l'âme de la personne pour exprimer l'essence plutôt que l'apparence. [...]
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