Dans ce texte, Aristote entend démontrer que si l'on admet que « le choix judicieux est l'affaire des gens de savoir », alors il ne faut pas abandonner « à la masse des citoyens la haute main sur les élections de magistrats ». Si en effet celui qui sait comment une cruche doit être, c'est le potier, alors il est inutile de demander leur avis à tous ceux qui ignorent l'art de la poterie ; de même, il y a un art politique que connaissent certains (les politiciens de métier) ; ceux qui n'y connaissent rien n'ont pas à intervenir dans les affaires publiques (...)
[...] Mais précisément, celui qui sait comment la loi doit être, c'est celui qu'elle concerne, c'est-à-dire celui qui aura à s'y soumettre, à savoir l'ensemble des sujets. Par conséquent et contre Platon, Aristote affirme ici que si le meilleur juge c'est celui qui utilise l'objet, et non celui qui le produit, alors le régime démocratique est le meilleur, puisqu'il donne le pouvoir législatif à ceux qui sont réellement des gens de savoir en matière de lois la masse des citoyens Question 3 Dans un régime démocratique, c'est l'ensemble des citoyens qui est souverain : en démocratie, le peuple décide des lois sous lesquelles il vit. [...]
[...] Au nom de mon intérêt bien compris alors, je sais que je n'ai jamais avantage à ce que la loi soit injuste, parce que pour une loi où l'injustice m'avantagerait, il y en aurait quantité d'autres où elle serait à mon désavantage. La loi s'appliquant à tous, et rendant à tous la condition égale, nul comme le dit Rousseau, intérêt à la rendre onéreuse aux autres. Dire que le peuple est trop ignorant pour faire les lois a toujours été la grande excuse de toutes les tyrannies qui, au nom du bien commun, mettent en fait le pouvoir à leur seul profit. [...]
[...] Le second présupposé est le suivant : quand on dit que dans les affaires publiques, il ne faut pas laisser le peuple décider, parce qu'il est inculte, et que dans tous les arts, celui qui sait comment faire, c'est le technicien de métier, on ne mécomprend pas seulement la nature de la politique, mais aussi et surtout celle des arts en général. Il est douteux en effet que celui qui sait comment une cruche doit être, ce soit le potier : celui qui sait comment elle doit être, ce n'est pas celui qui la fabrique, c'est celui qui s'en sert. [...]
[...] C'est ici que l'argument d'Aristote prend toute sa force : celui qui sait comment la loi doit être, ce n'est pas le spécialiste de droit constitutionnel, c'est celui qui aura à s'y soumettre. Si le peuple est souverain, la loi aura donc toujours tendance à être juste : je ne peux, à moins d'être fou, ignorant ou sot, voter une loi injuste, parce que nul être rationnel ne peut vouloir en conscience être victime de l'injustice. [...]
[...] De même, un pilote portera sur un gouvernail une meilleure appréciation qu'un charpentier Mais si ce qui est recteur c'est l'usage, et non la production, alors ceux qui dans l'art politique savent comment les lois doivent être, c'est ceux qu'elles concernent, c'est-à-dire les sujets qui devront s'y soumettre : il faut donc que le peuple décide des lois sous lesquelles il vivra autrement dit, le régime politique le plus adéquat, ce n'est pas l'aristocratie où quelques hommes réputés instruits décident de tout, mais la démocratie. Question 2 Choisir, c'est d'abord décider des moyens à mettre en place pour atteindre le but qu'on se propose. Si le but par exemple, c'est de fabriquer une cruche, le potier (dont c'est le métier) saura mieux qu'un autre comment faire, quelle argile choisir, à quelle température la cuire, etc. En d'autres termes, pour choisir judicieusement, c'est-à-dire de façon à obtenir finalement le résultat espéré, il faut connaître les règles de l'art. [...]
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