« L'investigation de la vérité est, en un sens, difficile, et, en un autre sens, difficile. [...] mais ce sont les autres philosophes qui ont été la cause de la venue de ces derniers. »
Aristote (-384 à -322) est un philosophe et naturaliste grec, élève et disciple de Platon, dont la pensée s'est progressivement détachée. Ses études se divisent en trois parties: la philosophie pratique (concernant l'économie, l'éthique, la politique), la philosophie poétique et la philosophie théorétique (traitant par exemple de la physique, des mathématiques, de la théologie). C'est ce dernier pan de la distinction de la philosophie aristotélicienne que traitent principalement les différents livres de sa Métaphysique, où l'auteur s'attache à traiter les questions fondamentales de la philosophie, sous des angles d'approche concernant les notions de connaissance, du réel et de la nature des choses. Dans le livre II de sa Métaphysique, Aristote s'interroge sur la nature de la vérité, en ébauchant une définition de celle-ci selon la formule : « Le vrai c'est l'affirmation de la composition réelle du sujet et de l'attribut, et la négation de leur séparation réelle ». Il pose de même la question de la méthode, façon selon laquelle celle-ci doit être appréhendée. Le texte étudié ici est donc issu de la première partie de ce deuxième livre de la Métaphysique d'Aristote. L'auteur y traite de l'investigation de la vérité et des problèmes liés à son étude. Il contextualise ensuite, sur un plan plus général, l'évolution de l'appréhension de la vérité comme un processus où chaque penseur a apporté une pierre à l'édifice.
[...] ce qui semble exclure la deuxième interprétation de la formule. [...]
[...] Aristote utilise ici la comparaison entre l'intelligence de notre âme face aux choses naturellement évidentes et les yeux d'une chauve souris à l'éclat du jour (l11 et 12). Il semble par là signifier que la vérité contenue dans la nature n'est pas directement accessible à l'intelligence humaine, bien que clairement et évidemment placée devant-elle. Aristote postule donc encore une fois ici que la vérité est intrinsèquement contenue dans la nature et qu'elle semble donc dans l'absolu atteignable puisque la métaphore utilisée ici sous-tend que l'intelligence humaine peut concevoir et appréhender les choses naturellement évidentes On peut d'ailleurs noter que le terme de choses naturellement évidentes peut prêter à confusion puisque Aristote semble ici parler de vérités absolues, alors qu'il n'utilise jamais dans ce texte le terme au pluriel. [...]
[...] De la même manière, comment Aristote prétend-il ici analyser de manière scientifique des concepts abstraits comme le Beau, l'Amour ou la Justice? Pour tirer des informations suffisamment claires de la nature sur cette vérité, il faudrait réussir à les quantifier, ce qui pose à la fois le problème de l'étude absolue de la nature, du monde sensible, en postulant l'existence de ces concepts comme faisant part d'une vérité absolue, ou le fait que l'on doit remettre en cause l'idée même de ces vérités qui ne pourraient être que des classifications humaines faussées et contingentes de phénomènes dont ils supposent l'existence absolue. [...]
[...] Aristote Métaphysique, E 1027b, l trad. Tricot Aristote Physique, II, la nature et le mouvement Il définit de même la nature comme phusys Croissance et génération de choses matérielles qui contiennent en elles-mêmes le principe de leur développement Il est à noter que dans la version de 1840 de la Métaphysique d'Aristote traduite par Alexis Pierron et Charles Zévort Qui ne mettrait pas la flèche dans une porte est traduit en lieu et place de Qui ne manquerait pas une porte ? [...]
[...] Cette intelligence étant par nature perfectible et on pourrait aller jusqu'à penser qu'il la voit comme théologiquement déterminée pour y arriver. C'est justement de ce processus d'affinement de l'intelligence, d'habitude progressive à l'éclat de la vérité, qu'Aristote semble décrire dans la suite de son texte la trame d'une progression historique. Après avoir défini les deux difficultés que présente selon lui l'investigation de la vérité, Aristote illustre ensuite de manière globale la progression de cette recherche. Il semble de même qu'en rendant cet hommage aux accents poignants et sincères vis à vis de ces prédécesseurs dont les conceptions ont pu être bien éloignées, il se place non pas sur le même rang qu'eux mais comme un aboutissement voire une synthèse rationnelle de ceux-ci, allant jusqu'à omettre d'envisager que d'autres philosophes puissent à leur tour utiliser son œuvre comme base de réflexion. [...]
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