Aristote commence par poser sa thèse : "L'homme est par nature un animal politique". A la question "qu'est-ce que l'homme ?", il donne une définition, ou ce qu'il appelle par ailleurs sa cause formelle. Le genre auquel appartient l'homme est le règne animal, mais sa spécificité par rapport aux autres animaux est d'être politique. Cette caractéristique qu'il a "par nature" n'est pas contingente. La sociabilité n'est pas accidentelle mais essentielle à l'homme (...)
[...] La formation d'une communauté (de la plus simple comme la famille, à la plus complexe comme la cité) est l'effet d'une morale. Finalement, la vie politique est ce qui rend possible la réalisation de l'essence morale de l'homme. La politique est l'instrument de la morale. Ne peut-on pas envisager l'indépendance de la politique et de la morale ? En affirmant que l'homme est un animal politique, Aristote donne un fondement naturel à la formation des cités. Cependant, si chaque homme trouve naturellement sa fonction sociale, la place de chacun dans la société se trouve légitimée. [...]
[...] Mais le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste. Il n'y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls, ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de telles notions en commun c'est ce qui fait une famille et une cité. Aristote, La politique, I INTRODUCTION Comprendre l'homme, c'est le comprendre dans son rapport aux autres. [...]
[...] Mais si l'homme ne peut pas exister en dehors de la cité, sous peine de perdre son humanité, qu'est-ce qui peut garantir par ailleurs qu'en se regroupant avec sas congénères, il ne vive pas non plus comme un animal grégaire ? Le langage, une spécificité humaine 1 La distinction homme animaux Si l'homme se définit par sa tendance naturelle à s'assembler avec les autres, comment le distinguer de tous les autres animaux capables de former comme lui, une société organisée ? Par exemple, les abeilles ont une véritable division du travail dans leur ruche. La compréhension de l'homme comme animal politique est à chercher ailleurs que dans le fait qu'il vive avec d'autres hommes selon une certaine organisation. [...]
[...] Mais la politique répond à une nécessité interne. La formation de communautés est plutôt le résultat de la politique que sa cause. C'est pourquoi l'homme est un animal politique plus que n'importe quel animal grégaire Mais alors la différence entre l'homme et l'animal ce ne serait pas une différence de nature (la spécificité de l'homme est d'être politique), mais une différence de degré (l'animal serait politique à un degré moindre) ? Selon quel moteur la cité se construit-elle différemment d'un troupeau ? [...]
[...] Enfin les enjeux sont métaphysiques puisqu'il s'agit d'établir les caractéristiques du langage humain à travers celle d'une nature finalisée. Dire que l'homme est un animal politique ce n'est donc pas le restreindre à un domaine particulier (celui de la politique), mais au contraire, c'est l'envisager sous des dimensions aussi variées que la morale, le langage, la vie privée (de la famille), la vie publique (de la cité). Mais affirmant que la nature est finalisée, ces diverses dimensions sont mises au service d'une même fin. Aristote donne alors une cohérence à la complexité de l'existence humaine. [...]
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