En affirmant que l'existence précède l'essence, Sartre et avec lui toute la pensée existentialiste du XXème siècle montre que la personnalité d'un individu découle de son passé. Il est possible d'y voir une certaine analogie avec l'extrait qui nous est présenté de l'Ethique à Nicomaque, où Aristote défend la thèse que chacun est personnellement responsable de par ses choix de ce qu'il est et de comment il l'est devenu (...)
[...] Par exemple l'Homme qui trompe sa femme la première fois n'a pas d'autre choix que d'assumer la responsabilité de son acte, car il est inenvisageable de tirer un trait sur cet acte. L'auteur généralise alors cet état pour chaque Homme, et plus précisément pour ceux qui sont injustes ou intempérants : "au début il leur était possible de ne pas devenir tels", c'est donc dans le choix premier de commettre des actions qu'on décide de ce que l'on va devenir. [...]
[...] Finalement, même si la thèse d'Aristote défend fermement le fait que chacun est responsable de ce qu'il est, l'évolution des pensées et des courants philosophiques depuis l'Antiquité montre que l'Homme, bien qu'il possède le libre arbitre initialement en lui peut se retrouver confronté à des situations où son choix ne pouvant être impartial, il n'en est pas forcément totalement responsable, et par conséquent n'est pas non plus forcément responsable de sa propre nature. Platon rappelait ainsi dans Gorgias, avant la publication du texte d'Aristote, que "nul n'est méchant volontairement". [...]
[...] C. Et ce, quelle que soit la nature de son acte L'exemple pris est l'observation de "ceux qui s'entraînent en vue d'une compétition ou d'une activité quelconque". Aristote élargit donc sa thèse, puisqu'il s'agit de gens n'agissant pas de manière néfaste. Il montre que pour eux aussi leurs actes déterminent leur caractère : puisque "tout leur temps se passe en exercice" ils sont donc responsables d'être devenus sportifs, c'est à dire semblable à la caractéristique qu'ils s'imposent : le sport. [...]
[...] La généralisation qu'effectue Aristote peut être discutable. En effet chaque Homme ayant une histoire et un passé particulier qui ont pu les influencer de manière différentes, face à une certaine situation ils ne réagiront sûrement pas de la même manière. Le choix d'effectuer le bon ou le mauvais acte est certes, "en eux" mais ne dépend pas forcément d'eux. Il s'agit de toute la théorie Freudienne, à la base de la psychanalyse moderne et mettant en avant le fait que l'Homme, même s'il possédait un libre arbitre au début de sa vie, possède aussi un inconscient qui a été forgé au fur et à mesure de sa vie et de ses expériences et le pousse à agir dans certaines directions plutôt que d'autres. [...]
[...] Tous ces éléments sont liés les uns aux autres et si l'un d'eux est influencé par une action quelconque alors les autres le sont aussi. Ainsi si l'alcoolique boit de trop, alors il a nécessairement le souhait en lui d'être alcoolique. En effet, s'il a le souhait d'être alcoolique alors il n'aura qu'à aller boire. Cependant s'il ne boit plus, il n'est plus alcoolique. Et réciproquement. Aristote, en permettant de remplacer l'effet par la cause, montre qu'une volonté suffisamment forte suffit pour agir en fonction du caractère voulu. [...]
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