A l'issu du premier livre de l'EN, il est entendu que le principe du bonheur réside dans l'activité conforme à la vertu (I, 11, 1100 b, p73). Est donc exigé l'examen de la nature de la vertu (I, 13). Or si la vertu de l'homme est l'excellence, non pas du corps, mais de l'âme, elle se dit d'une manière double : relativement à la partie rationnelle et à la partie irrationnelle de l'âme. Relativement à la partie rationnelle, est en cause la vertu intellectuelle ; relativement à la partie irrationnelle, est en cause la vertu éthique, vertu de la partie désirante de l'âme, s'il est vrai que la partie nutritive n'a rien à voir avec l'excellence spécifiquement humaine (I, 13, 1102 b, p.84). Seulement dire que la vertu éthique est l'excellence de la partie irrationnelle, cad désirante de l'âme, est trompeur, puisque la partie désirante a part à la partie rationnelle de l'âme. En effet, lorsque nous faisons l'éloge du tempérant, nous louons le principe raisonnable dont dépendent les bonnes et les mauvaises actions. Comment comprendre la vertu éthique, excellence de la partie désirante de l'âme, si celle-ci est en rapport avec la partie rationnelle de l'âme ? Que veut dire la distinction de la vertu intellectuelle de la vertu éthique, si celle-ci dépend de celle-là ? Tel est ce que doit examiner le second livre de l'EN.
[...] Et c'est bien eu égard à la médiété que les affections sont dites des excès et des défauts. Oui mais aussi, de la médiété nous faisons usage en fonction des affections qui sont les notres, cad qui sont en nous selon le plus et le moins. Ce sans quoi nous ne sommes pas, ce sont les affections, ce par quoi nous sommes, c'est la vertu. La position de la médiété, par la raison, et la reconnaissance des affections, qui est par ce sans quoi nous ne sommes pas, sont distinctes mais articulées et l'articulation n'est pas circulaire. [...]
[...] Ce que tout d'abord il faut considérer, c'est que les vertus en question sont naturellement sujettes à périr alors qu'ils se conservent par la juste mesure Si nous n'étions pas des êtres de vertu, nous ferions ainsi usage des affections selon le trop et le trop peu ; c´est à dire beaucoup de plaisir, peu de déplaisir. Nous voudrions toujours plus de plaisir, toujours moins de déplaisir. Le moyen n'aurait pas de sens pour nous, ce qui aurait un sens serait l'excès de plaisir auquel nous aspirons, et le défaut de plaisir que nous redoutons. C'est ce qui tiendrait lieu de règle. Les questions pertinentes seraient : comment obtenir le plus de plaisir de chaque affection ? Comment varier les affections pour obtenir le plus de plaisir ? [...]
[...] Mais c'est aussi composer ces éléments, procéder à une synthèse en montrant comment ils sont articulés, comment, par la vertu, ils tiennent ensemble (jusqu'à : la vertu, elle, découvre et choisit la position moyenne Une difficulté doit être attachée à la compréhension de l'expression comme la déterminerait l'homme prudent ; l'intervention du phronimos signifie que la vertu éthique est envisagée en référence à la vertu intellectuelle qu'est la prudence, d'où la question, comment comprendre la dépendance de la vertu éthique à l'égard de la vertu intellectuelle, comprendre cette dépendance est-ce abaisser l'importance de la vertu éthique ? Le second point de vue invite à distinguer l'ordre de la substance et l'ordre de l'excellence. [...]
[...] Dans le premier cas, la vertu est considérée et comme médiété et comme sommet : la vertu comme médiété est le sommet de ce qui est. Dans le 2e cas, la vertu est considérée comme médiété, et le vertueux comme sommet : il ne s'agit pas de dire que l'agent est le sommet de ce qui est, mais que le vertueux est le sommet de l'agent. Il y aurait une 3e hypothèse, consistant à soutenir que si la vertu est médiété rapportée à elle-même, elle est comme sommet rapportée à l'être qu'est l'homme. [...]
[...] Or si la considération de la vie éthique est importante, il est également important de dire que la vertu est le sommet de la vie pratique : l'homme peut vivre selon la vertu, qui est le meilleur de la vie pratique. En elle-même la vertu n'est pas susceptible du plus et du moins, la médiété envisagée en elle-même est identique à elle- même ; la vie pratique elle est selon le plus et le moins tant qu'elle n'est pas réglée par la médiété ; et dès lors qu'elle l'est, elle est au sommet. La médiété règle la vie pratique en la rendant conforme à ce qui est excellent pour elle. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture