« L'argent n'est que la fausse monnaie du bonheur ». Cette citation des Idées et Sensations des frères Goncourt nous mène à une approche prudente, mais réaliste de la tumultueuse relation entre argent et bonheur. L'argent serait ici indéniablement un faiseur de bonheur, mais de quel bonheur ? Qu'est-ce qu'un « faux » bonheur ? Est-ce un bonheur de mauvaise facture, de péremption imminente ? Un bonheur même si précaire n'est-il pas un bonheur suffisant ? Ou bien alors l'argent, en tant que fausse monnaie, serait-il effectivement un moyen d'accès au bonheur, il n'en serait simplement pas un moyen suffisamment noble et juste, mais un moyen tout de même ?
L'argent peut-être défini comme l'« ensemble du numéraire, des valeurs, des biens ; fortune : Il a beaucoup d'argent » selon le Larousse. La notion « d'argent » ici ne doit pas être considérée dans son sens étroit et matériel (billets et pièces de monnaie), mais dans son sens large : la richesse que représente la possession de monnaie ou plus généralement de valeurs monétaires.
Au cours des siècles l'argent devient d'abord un métal précieux, puis on parlera de monnaie. Il est d'ailleurs intéressant de constater, comme le souligne Damien de Blic et Jeanne Lazarus dans un livre intitulé « Sociologie de l'argent », qu'en anglais ce problème de définition ne se poserait pas, l'argent recouvrant deux définitions distinctes : « silver » pour argent-métal et « money » pour argent-monnaie, alors qu'en langue française « argent » amalgame la matière et la valeur d'échange, deux réalités pourtant non substituables. La symbolique est, aussi, très forte en hébreu, l'argent étant associé au sang et au désir.
[...] Être riche, aujourd'hui, pour celui qui ne l'est pas parait inévitablement comme synonyme de bonheur. Et pourtant . Comme le souligne le magazine Sciences humain en 2006 : Que deviennent les gagnants du loto, les brusques milliardaires de la nouvelle économie, les héritiers des grosses fortunes ? Sont-ils plus heureux qu'avant ? La réponse n'est pas si évidente . Le journal cite alors Spike Milligan : L'argent ne peut vous procurer le bonheur, mais il peut vous apporter une forme de misère plus plaisante. L'humoriste britannique savait de quoi il parlait. [...]
[...] Tout comme il est souvent affublé à l'amour, le bonheur ne se définit pas, il se ressent. Tous les hommes sont à la recherche du bonheur mais cette recherche n'a de commun que le nom et non la matière du bonheur, comme le rappelle Pierre Gévart dans son Dictionnaire de culture générale, nous jugeons le plus souvent de la nature du bonheur d'après la vie que nous menons. Ainsi, comme le souligne André SIMHA dans Le bonheur des recherches empiriques ont montré que la plupart des gens n'ont pas d'opinion du tout sur leur bonheur, ni sur ce qu'il est, ni sur celui qu'ils veulent. [...]
[...] MARX définit l'argent comme un moyen d'échange, mais surtout comme le mode de puissance d'un monde capitaliste marchand, il va même plus loin : L'argent qui possède la qualité de pouvoir tout acheter et tout s'approprier, est éminemment l'objet de la possession. L'universalité de sa qualité en fait la toute-puissance, et on le considère comme un être dont le pouvoir est sans bornes ( ) Je suis laid, mais je puis m'acheter la plus belle femme ; aussi ne suis-je pas laid, car l'effet de la laideur, sa force rebutante, est annulé par l'argent. ( )Mon argent ne transforme-t-il pas toutes mes impuissances en leur contraire ? [...]
[...] Comment peut-on laisser des gens mourir de faim alors que nous avons de quoi nourrir 3 fois la population actuelle de la planète ? Comment peut-on laisser des enfants renoncer à l'éducation et l'accès à la connaissance, car celles-ci seraient trop chères ? Comment peut-on considérer les Grecs comme un sous-peuple car ils seraient devenus trop pauvres ? Comment cette virtualité méprisante qu'est l'argent peut passer avant cette réalité qui devrait être la plus chérissable qu'est la vie, qu'est l'humanité ? [...]
[...] Besoins pouvant être hiérarchisés selon la pyramide d'Abraham MASLOW. Selon lui, les individus ne peuvent atteindre le bonheur qu'en réponse à 5 plans: besoins physiologiques et de sécurité (élémentaires), sentiments d'appartenance, d'estime de soi et de réalisation (d'ordre supérieur). Dès lors, une question se pose inévitablement à nous : pourquoi associer deux notions opposées a priori, dans le sens où l'argent est une notion quantifiable, rationnelle, matérielle, et le bonheur qui relève de la subjectivité individuelle, abstraite et insaisissable ? Comment l'argent peut-il faire le bonheur ? [...]
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