On pourrait dire de la liberté ce que Descartes disait du bon sens, qu'il s'agit de la chose du monde la mieux partagée. N'avons-nous pas tous le sentiment de notre propre liberté ? L'homme est continuellement face à un carrefour de possibles où le choix qu'il décide de prendre est le sien et prouve sa liberté. L'homme serait libre. Mais dès lors, comment imaginer que l'on puisse apprendre à être libre ? Ne le sommes-nous pas déjà ?
[...] L'éducation se distingue de l'instruction. Le préfixe in renvoie à l'idée d'intériorité. L'instruction est une construction intérieure de soi qui permet à chacun de s'affirmer. On acquiert un savoir pour se bâtir instruere, pour se former l'esprit en lui donnant des connaissances nouvelles. L'instruction c'est l'acquisition d'un savoir : en cela l'instruction se distingue de l'apprentissage qui revêt une acceptation beaucoup plus large. Ainsi, l'éducation impose des règles de comportement, l'instruction forme l'esprit par les connaissances, et l'apprentissage, plus large, désigne tout ce que l'homme acquiert connaissance ou pratique pour s'adapter à son milieu, qui ne relève ni de l'éducation ni de l'instruction. [...]
[...] Mais l'homme est-il vraiment libre ? La conscience de sa liberté suffit-elle pour être libre ? II Mais la liberté n'est pas une évidence L'homme est soumis à une multitude de déterminismes. L'homme n'est non seulement pas cause de son existence, mais il n'est pas non plus cause de son essence : il est tel qu'il est en vertu de divers héritages biologique, génétique, familial, culturel. Il hérite en naissant de son sexe, de la couleur de sa peau, de son caractère, de son ascendance. [...]
[...] S'interroger sur la liberté c'est avant tout chercher à savoir qui est concerné par la liberté. Seul l'homme, parce qu'il est en devenir, peut être libre : il se trouve toujours confronté à plusieurs possibilités parmi lesquelles il choisit. Par là il peut exercer sa liberté. L'animal, guidé par son instinct, n'est pas libre. Dieu ne l'est pas plus : tout ce qu'il fait est nécessaire, rien ne saurait être contingent, car la contingence est incompatible avec la divinité. Dieu ne se trouve jamais face à un carrefour de possibles, il n'a qu'une seule voie. [...]
[...] Mais qu'est-ce que la liberté ? Elle semble être une évidence, à tel point que l'on pourrait en dire ce que Pascal disait du temps dans ses Pensées, c'est-à-dire qu'il s'agit d'un mot qu'il n'est pas utile de définir puisque tous les hommes conçoivent ce que veut dire ( ) sans qu'on le désigne davantage En effet, tous les hommes conçoivent ce qu'est la liberté, car tous ont le sentiment de leur liberté et en font l'expérience à chaque fois qu'ils font face à un choix. [...]
[...] Mais il ne subira plus passivement ces déterminismes. Spinoza distingue causes adéquates, qui sont les causes que nous connaissons clairement et distinctement, et donc dont on sait quels effets elles produisent, et causes inadéquates, qui sont les causes que nous ne connaissons pas complètement et donc dont on ne peut connaître parfaitement les effets. Nous sommes actifs au sens de Spinoza quand nous connaissons adéquatement les causes des évènements qui arrivent dans la mesure où ne nous subissons pas l'effet qui en découle : nous étions au courant de ce qui allait nécessairement se produire. [...]
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