L'apparence et la réalité

Résumé du document

La réalité, c'est donc ce que l'esprit se représente comme tel, par opposition à l'illusion, au rêve, à l'apparence. La distinction entre apparence et réalité nous introduit donc au problème de la représentation, donc à celui de la conscience. Il faut qu'une conscience se représente les choses pour qu'elle puisse les nommer réelles ou de simples apparences. Ce sera donc en partie à la question de la représentation de nous aider à comprendre comment nous en arrivons à nous représenter ce qu'est une apparence, ou à prendre l'apparence pour la réalité, à ne pas voir la réalité, à ne pas vouloir la voir...

A l'inverse, l'apparence semblerait en première analyse ne recouvrir que ce qui apparaît, sans que cela ait une consistance réelle. La distinction elle-même suppose une certaine méfiance, puisque ce n'est que lorsque l'apparence se révèle être trompeuse que nous la distinguons de la réalité. Quand le couple apparence/réalité surgit, c'est semble t-il en défaveur de l'apparence. La lionne qui apparaît débonnaire ne l'est pas nécessairement, pas plus que la personne qui paraît avenante ou soucieuse de nous (...)

Extraits

[...] [Question à explorer : ne doit-on choisir dans la réalité que celle qui est constatable empiriquement ? la thèse de Bachelard sera de dire, après Kant mais en un sens tout à fait renouvelé, que c'est l'imagination qui travaille en permanence notre rapport au monde : que l'imagination n'appauvrit pas la réalité, mais l'enrichit, la fait chanter3. ] Question des critères de la réalité. Comment décidons-nous que telle ou telle chose est réelle, ou ne possède que l'épaisseur d'une apparence ? [...]

[...] Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu 10 de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.6 Cet obstacle se pose même dans la science : à l'intérieur de la science il faut vaincre de tels obstacles. [...]

[...] Comprendre ce qui se joue dans la relation à l'autre par exemple apparaît d'autant mieux que l'on est capable d'en faire une lecture psychologique, sociologique, anthropologique, ou morale. Exemple : en sociologie du travail, l'on cherche à comprendre l'attitude du fainéant. A la question Pourquoi y a-t-il des individus qui ne font pas le travail qu'ils devraient faire ? La réponse généralement entendue est du genre : parce qu'ils y a des fainéants Un sondage rapide montre toujours que tout le monde, dans l'entreprise, répond spontanément de cette manière, c'est-à-dire dans une catégorie naturelle : il est dans le tempérament de certains individus d'être paresseux ou travailleurs. [...]

[...] Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, pp.18 sq. Désapprendre pour apprendre = point commun entre la science et la philosophie ; se débarrasser de notre tendance à adhérer à ce qui est conforme à notre désir, pour libérer notre accès à la vérité. Le risque de la croyance, ce peut en effet être l'habitude de croire, qui nous fait perdre notre capacité d'étonnement devant la réalité, que l'on pouvait penser dans l'Antiquité comme le début de la philosophie. 6 Bachelard, La formation de l'esprit scientifique, pp. 13-14. [...]

[...] Eliminer la croyance de la démarche scientifique = but de la science, au moins son préalable. Notion d'obstacle épistémologique chez Bachelard : obstacle de la pensée elle-même qui crée des images, qui vont parfois empêcher la compréhension 4 Philippe Bernoux, Sociologie des organisations, p éditions Points Seuil. Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme science, 14, p trad. Guillermit, Vrin de la réalité. On croit que la réalité physique correspond à ce que l'on en voit ; ce que l'on appelait en Grèce sozeïn ta phainomena, sauver les phénomènes, ou les apparences. [...]