La coquetterie de Célimène est débusquée par Alceste, son amant misanthrope : il a intercepté les billets qu'elle échange avec les "petits marquis" qui lui font une cour assidue. Alceste dénonce le double jeu de la jeune femme : en utilisant le langage de l'amour pour exprimer la galanterie, Célimène se perdrait dans les apparences, elle ne saurait plus ce qu'il en est de la réalité de l'amour et de la sincérité (...)
[...] La vérité de l'art : l'être avec tous ses voiles, ceux qui trompent et ceux qui révèlent. [...]
[...] Faut-il préférer l'être à l'apparence? La coquetterie de Célimène est débusquée par Alceste, son amant misanthrope : il a intercepté les billets qu'elle échange avec les “petits marquis” qui lui font une cour assidue. Alceste dénonce le double jeu de la jeune femme : en utilisant le langage de l'amour pour exprimer la galanterie, Célimène se perdrait dans les apparences, elle ne saurait plus ce qu'il en est de la réalité de l'amour et de la sincérité. Célimène rétorque que lorsque le cœur est sincère, son langage est transparent et retourne la suspicion d'Alceste contre lui : vous ne m'aimez point comme il faut que l'on aime» (Molière, Le misanthrope, acte V). [...]
[...] «Ils s'entendaient à vivre : ce qui exige une manière courageuse de s'arrêter à la surface, au pli, à l'épiderme ; l'adoration de l'apparence, la croyance aux formes, aux sons, aux paroles, à l'Olympe tout entier de l'apparence ! Ces Grecs étaient superficiels par profondeur (Gai Savoir, Préface) Etre superficiel à force de profondeur : c'est croire en la puissance de manifestation de l'être et croire que l'être se montre toujours à la fois de façon sensible et intelligible. Un Dieu se montre sous l'apparence de la statue : celle-ci n'est pas une image du dieu mais une épiphanie du dieu (il devient réellement présent). [...]
[...] La civilité : vide des apparences, car il faut faire montre de bel esprit pour ne pas apparaître comme un “fâcheux”. Mais le moralisme (c'est un genre littéraire qui n'a rien de moralisateur) est tarabiscoté : «Ceux qui croient avoir du mérite se font un honneur d'être malheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu'ils sont dignes d'être en butte à la fortune.» Chamfort prévoit que tout cela se terminera mal (la Révolution à laquelle il prend une part active Nietzsche réserve à l'art seul la liberté du libre jeu des apparences. [...]
[...] Mais comme ces moralistes retournent toujours l'être contre l'apparence, ils en sont réduits à développer une suspicion généralisée à l'égard des apparences. Chamfort : Nos vertus ne sont, le plus souvent, que des vices déguisés». En ce sens, ces moralistes sont les fils de leur temps : la sensibilité classique serait, dit Nietzsche dans le Gai Savoir, d'avoir voulu atténuer les passions elles ne sont pas sociables par elles-mêmes, ni la jalousie, ni l'envie, ni l'ambition en les réduisant à un pur jeu social (être galant, c'est faire semblant d'être amoureux ; être bigot, c'est faire semblant d'être dévot Dans un second temps, ces passions elles-mêmes ont disparu, ne sont devenues que de simples formes de civilité (le mot ici n'a pas le sens noble platonicien évidemment, mais le sens trivial de ce qui manque de contenu) auxquelles personne ne croit : ce serait le drame du passage au siècle des Lumières, qui ne croit en rien, pas plus en Dieu qu'en la vertu, et qui vide de sa substance la tragédie classique (les tragédies de Voltaire sont lamentables). [...]
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