« L'habit ne fait pas le moine ». Dicton connu de la langue française celui-ci est souvent appris par les enfants pour qu'ils comprennent qu'il ne faut pas juger selon les apparences. L'apparence est l'aspect d'une chose, sa représentation en tant qu'elle est considérée comme différente de la chose en soi qui y correspond. Elle est souvent opposée à la notion de vérité ou de la réalité et est assimilée à l'opinion (doxa) et à ce qui se manifeste à la sensibilité. Loin de révéler ou de manifester quoi que ce soit, l'apparence occulte. Face à l'absolu de la vérité elle est relative. Mais alors l'apparence est-elle mensonge ? Nous cache-t-elle la réalité ? L'alternative philosophique qui traverse la pensée des XVIIe et XVIIIe siècles se présente comme suit. Une fois reconnues la possibilité des illusions perspectives et la subjectivité propre des sensations, une connaissance absolue de la réalité est-elle accessible à l'entendement humain ou bien l'entendement humain ne doit-il pas demeurer à l'intérieur d'un horizon d'apparences ? Ainsi, nous verrons dans un premier temps que pour certains philosophes, une connaissance de la réalité est accessible à l'homme et ce malgré les apparences. Nous y opposerons ensuite les théories de l'empirisme qui maintiennent l'entendement humain à l'intérieur d'un horizon d'apparences. Pour finir nous nous demanderons si ce n'est pas plutôt la réalité qui est une apparence trompeuse.
[...] La critique que nous pouvons faire de ce scepticisme est similaire à celle du relativisme. En affirmant que rien n'est vrai, le scepticisme se détruit lui-même, si rien n'est vrai, le scepticisme n'est pas vrai non plus. Pour finir, l'apparence peut apparaître comme un obstacle à la réalité puisque celle-ci s'exprime à travers les sens qui sont propre à chaque individu. Il convient alors qu'il est difficile de trouver la vraie nature des choses, nature qui ne serait pas apparence et qui ne se limiterait pas à l'expérimentation de nos sens. [...]
[...] Mais Socrate interroge Théétète, cela est-il vrai ? En effet, souvent l'apparence se confond avec les sensations comme nous le montre l'exemple du vent utilisé par Socrate. La sensation de froid et de chaud est pour soi. Dirons-nous que le vent est froid ou non? Le vent apparaît froid ou non, et ici, l'apparence se confond donc avec les sensations. Or si l'apparence est la sensation et que les choses sont telles que chacun les sent alors la sensation est toujours la réalité. [...]
[...] L'apparence constitue le monde et semble nous induire indubitablement à l'erreur. Ainsi, nous pouvons penser avec Pascal que l'apparence est fondamentalement mensonge, elle ne nous permet pas l'accès à la réalité. En contrepartie l'apparence offre aux hommes un accès vers le bonheur, et il vaudrait en ce sens peut être mieux que l'entendement humain demeure à l'intérieur d'un horizon d'apparence. Kant s'est aussi posé la question de la réalité. Il estime comme Pascal que la réalité n'est pas accessible à l'entendement humain à travers les apparences, mais il adopte une vision différente de celle de Pascal. [...]
[...] S'il y a bien pourtant un certain mouvement dans le monde intelligible, c'est celui de l'esprit qui, lui, passe d'une Idée à l'autre et doit le faire pour rester vivant Nous avons donc dit que ce sont les rapports dans lesquels les choses entrent qui font que chaque chose est ce qu'elle est, ou, devient ce qu'elle devient, sans pouvoir jamais être, au sens où l'être serait immuable, bien qu'elle ne puisse pour autant se confondre avec une autre. Il n'y a donc pas d'être. Mais alors que pensez du langage ? Le langage, sans aucun doute, nous masque la réalité. Les façons habituelles de parler, auxquelles en fait personne jamais ne peut se soustraire ne peuvent pas rendre compte de ce qui fait les choses, à savoir le devenir. [...]
[...] Même le simple mot " chose " est trompeur. Mais on ne dispose pas d'un vocable meilleur. On peut certes s'efforcer de dire que les choses ne sont pas substantielles, qu'elles ne disposent pas d'une essence éternelle, qu'elles ne demeurent pas identiques à elles-mêmes, etc. Ces expressions demeurent critiquables en ce qu'elles emploient toujours le mot chose, qui, à lui tout seul signifie le contraire de ce qu'on cherche alors à dire. En réalité il n'y a pas de chose, pas d'objet. [...]
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