Le sujet interroge très généralement la fonction de la science : à quoi sert la science ? Sert-elle à nous sortir de l'ignorance ? Si oui, comment et pourquoi, à quelles fins ? Si non pourquoi, alors que cela semble sa fin naturelle.
Car, en effet, à bien y réfléchir, la question est quand même curieuse : il semble en effet évident que la science nous délivre de l'ignorance. C'est tellement évident que cela fait même bizarre de se poser la question. On doit se demande où est le piège ! Toujours être méfiant à l'égard des sujets !
[...] Sinon, elle nous met en face de notre ignorance fondamentale, c'est-à-dire de l'incapacité que nous sommes d'établir, avec notre raison, un discours vrai (c'est-à-dire adéquat) sur le réel (remarquez qu'on retrouve ici le triptyque Raison, réel, vérité, qui sont les notions auxquelles le sujet commandait de se référer). Autrement dit, la science ne nous délivre pas de l'ignorance, elle nous délivre de nos illusions, de nos faux-savoirs ou préjugés. Exemple le tremblement de terre, expliqué par la tectonique des plaques et non plus par la colère d'un dieu. Problème cependant, le tremblement de terre devient insignifiant, au sens où il n'est plus le produit d'une intention, d'une volonté. Pareil pour une épidémie. [...]
[...] Il faut par ailleurs préciser que, à l'origine de la démarche scientifique, il y a une double prise de conscience de notre ignorance. Chronologiquement : Découvrir qu'on ignore en se débarrassant de ses faux savoirs (les opinions). C'est douloureux (réfléchir ici aux raisons pour lesquelles on a choisi, dans l'intitulé du sujet, le verbe délivrer Ce n'est évidemment pas neutre. Son usage laisse entendre que l'ignorance est emprisonnement, enfermement ou bien parce qu'elle limite nos capacités d'action ou bien parce qu'elle risque de nous engager sur des voies sans issue. [...]
[...] Et une fois cette fin remise en cause, il faut s'interroger sur sa fin véritable : la maîtrise pratique du monde, et non la connaissance pure. La science nous donne avant tout les moyens d'agir sur les monde, d'opérer sur lui. C'est cet élément qui fait la valeur d'une théorie scientifique, et non pas sa vérité, de toute façon indécidable (voir la métaphore de la montre d'Eisntein). On pourrait généraliser en considérant que les activités rationnelles en général sont des activités dont la finalité est essentiellement pratique, et non pas théorique : il s'agit d'augmenter nos capacités d'opérer sur le monde, et non pas d'établir sur ce qui est un discours vrai, conforme à ce qui est. [...]
[...] Sujet La science délivre-t-elle de l'ignorance ? Le sujet interroge très généralement la fonction de la science : à quoi sert la science ? Sert-elle à nous sortir de l'ignorance ? Si oui, comment et pourquoi, à quelles fins ? Si non pourquoi, alors que cela semble sa fin naturelle. Car, en effet, à bien y réfléchir, la question est quand même curieuse : il semble en effet évident que la science nous délivre de l'ignorance. [...]
[...] Conclusion La science ne nous délivre pas vraiment de notre ignorance, même si elle nous délivre de nos illusions. Elle est, en cela, une bonne propédeutique, une bonne préparation à la découverte que nous ne savons rien, à la découverte de notre ignorance fondamentale des choses (ce que la plupart des grands scientifiques reconnaissent). Cela étant dit, si la science, au sens moderne du terme (les sciences expérimentales de la nature), ne nous délivre pas de notre ignorance, elle nous donne cependant les moyens d'agir sur le monde, d'entrer en interaction avec lui, au moyen de ces outils que sont les théories scientifiques– plus ou moins bonnes selon la capacité qu'elles nous offrent d'agir sur le monde. [...]
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