La passion résulte de l'action du corps sur l'âme. Pour le dire autrement, la passion, c'est
l'irruption du monde dans l'âme par l'intermédiaire du corps. La passion, c'est l'irruption du
monde humain dans l'âme. Les passions, ce ne sont pas toutes les affections de l'âme, mais les
affections de l'âme « qu'on rapporte à l'âme elle-même » (par exemple, la faim n'en est pas
une). Leur non-maîtrise peut poser problème : l'amour par exemple, quand il est déréglé, est
parfois pire que la haine, puisqu'il pousse à haïr les autres qui sont tous des obstacles potentiels.
La passion la plus fondamentale est l' « admiration », l'étonnement, qui correspond au
fait d'être surpris par la nouveauté, par quelque chose que l'on reçoit du monde, quelque chose
qui rompt le cours intérieur de nos pensées. Il s'agit bien, de prime abord, d'une passion puisque
l'âme subit quelque chose par l'intermédiaire d'un sens. On peut l'illustrer par l'exemple de Don
Juan : il est en effet celui qui trouve toutes les femmes passionnantes, puisqu'elles sont toutes
« nouvelles » pour lui. Mais cela ne dure qu'un temps et, finalement, Don Juan est celui qui ne
vit rien à trop vivre, qui n'a pas de passion véritable, car la passion suppose la durée : le
passionné pense avoir trouvé la chose la plus importante, condition de son bonheur, et il veut
que cela dure éternellement. Le don juanisme, c'est rester dans l'instant : le temps se limite à
une succession d'instants. A ce titre, on peut se demander si l'admiration chez Descartes est une
véritable passion : la passion ne suppose-t-elle pas la durée ?
[...] Cette liberté d'indifférence est le plus bas degré de liberté. En montant les échelons, la vraie liberté consiste à agir en suivant la raison, pour de bonnes raisons. Bref, alors que les animaux n'agissent que selon des causes mécaniques (des passions), l'homme peut être libre car il peut agir selon des raisons. Seule la pensée quand elle ne se rapporte à aucune passion est à coup sûr en rupture avec la mécanique corporelle. La liberté ne peut consister à éliminer les passions, mais à faire en sorte que les passions ne règnent pas sur l'âme. [...]
[...] La générosité empêche qu'on méprise les autres, puisqu'elle nous fait reconnaître en l'homme quelque chose de grand. Comment peut-elle être acquise ? Si, d'une part, l'on s'occupe souvent à considérer ce qu'est le libre-arbitre, et combien sont grands les avantages qui viennent de ce qu'on a une ferme résolution d'en bien user ; comme aussi, d'autre part, combien sont vains et inutiles tous les soins qui travaillent les ambitieux ; alors on peut exciter en soi la passion et ensuite acquérir la vertu de générosité, laquelle étant comme la clé de toutes les autres vertus, et un remède général contre tous les dérèglements des passions. [...]
[...] L'analyse cartésienne des passions L'analyse cartésienne des passions La passion résulte de l'action du corps sur l'âme. Pour le dire autrement, la passion, c'est l'irruption du monde dans l'âme par l'intermédiaire du corps. La passion, c'est l'irruption du monde humain dans l'âme. Les passions, ce ne sont pas toutes les affections de l'âme, mais les affections de l'âme qu'on rapporte à l'âme elle-même (par exemple, la faim n'en est pas une). Leur non-maîtrise peut poser problème : l'amour par exemple, quand il est déréglé, est parfois pire que la haine, puisqu'il pousse à haïr les autres qui sont tous des obstacles potentiels. [...]
[...] Le passionnel se repère au mécanique. La seule chose qui puisse assurer à autrui que nous sommes une âme qui a des pensées, c'est la parole (la vraie parole en tant que manifestation de la 1 pensée, pas le simple bruit que le corps fait parfois et qui n'est que mécanisme). La seule pensée qui échappe aux passions est la pensée réflexive : le chien ressent de la joie, mais il ne pense pas qu'il ressent de la joie. Une vraie parole, c'est choisir de dire quelque chose, tout le reste n'est que passion et mécanisme. [...]
[...] Ainsi, les passions sont toutes bonnes de leur nature et nous n'avons rien à éviter que leur mauvais usage ou leur excès. Pour résumer, la générosité est le sentiment de disposer librement de sa volonté, joint à la résolution de bien user de ce pouvoir : elle est le sentiment de bien user de notre infinie liberté (Jacqueline Russ). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture