Cet exposé présente de manière détaillée la conception de l'amitié développée par Cicéron dans son traité. En s'appuyant sur des citations latines extraites de l'oeuvre et traduites, il démontre comment Cicéron s'inspire de thèses philosophiques antérieures sur la "philia" mais aussi comment il s'en démarque en donnant à l'amitié une dimension politique proprement romaine. Il offre donc un tour d'horizon de la notion d'amitié chez Cicéron (tant du point de vue philosophique que politique), sans négliger les aspects littéraires du traité qui est aussi un éloge de l'amitié et un hommage de Cicéron à ses amis.
[...] L'application dans le choix permet aussi de distinguer les flatteurs des amis véritables et d'éviter une haine future. Au Lélius réfute d'ailleurs la maxime attribuée à Bias : ita amare oportere, ut si aliquando esset osurus (il faut aimer comme si on était prêt à détester un jour). En outre, afin que l'amitié résiste à l'épreuve du temps, il formule au le conseil suivant : sunt igitur firmi et stabiles et constantes eligendi (il faut choisir des caractères fermes, solides, constants). [...]
[...] Cette thèse utilitariste indigne de l'homme (qualifiée de inhumanius au est en outre démentie par l'expérience qui montre que ce ne sont pas les hommes les plus dépourvus qui recherchent le plus l'amitié : ut quisque maxime uirtute et sapientia sic munitus est ut nullo egeat [ ] ita in amicitiis expetendis colendisque maxime excellit (ceux qui peuvent le plus compter sur leur valeur et leur sagesse, au point de n'avoir besoin de personne, excellent à se gagner des amitiés et à les cultiver). L'amitié ne repose pas sur un calcul mais sur le dévouement : La recherche d'une exacte équivalence des services rendus et reçus est présentée au comme un carcan trop étroit pour l'amitié : hoc quidem est nimis exigue et exiliter ad calculos uocare amicitiam ut par sit ratio acceptorum et datorum (c'est vraiment contraindre l'amitié à trop d'étroitesse et de petitesse dans le calcul d'une balance exacte entre entre ce qui est reçu et ce qui est donné). [...]
[...] L'espoir d'immortalité : Cicéron reprend la thèse qu'il avait exposée dans le De Senectute selon laquelle la vraie valeur est récompensée par l'immortalité. Cette immortalité promise aux hommes de bien consiste dans le souvenir que gardera d'eux la postérité : en effet, Lélius affirme au au sujet de Scipion, présenté tout au long du traité comme un homme d'une incredibili uirtute : uiuit tamen semperque uiuet : uirtutem enim amaui illius uiri, quae exstincta non est (il vit encore et il vivra toujours : car c'est sa valeur que j'ai aimé et elle n'a pas cessé de vivre.). [...]
[...] C'est pourquoi, il ne faut pas hésiter à rompre ses alliances poltiques avec les gens aspirant à la royauté Cicéron qui affirme au : talis improborum consensio [ ] excusatione amicitiae tegenda non est (une telle coallition de mauvais citoyens ne doit pas se couvrir des excuses de l'amitié) veut faire de l'amitié véritable le fondement de son idéal politique de bonorum consensus union des gens de bien ou optimates au-dessus des partis, seule capable, selon lui, d'assurer le salut de la République. Un autre apport proprement romain à la réflexion sur l'amitié est l'aspect pratique auquel ne se sont pas intéressés les philosophes grecs. [...]
[...] La naissance de l'affection est également décrite au §100 comme un embrasement face à l'éclat de la vertu ex quo exardescit siue amor siue amicitia D'ailleurs, Cicéron rapproche ici encore les termes amor et amicitia en prêtant à ces deux sentiments une origine commune. C'est donc l'attrait naturel de la vertu, si fort qu'il nous fait aimer même les personnes que nous ne connaissons pas et qu'on le reconnaît même chez un ennemi loyal 27 à 29) qui provoque un primum motum animi et amoris 29 : premier élan du cœur et de l'affection) à partir duquel l'amitié pourra naître et s'affermir et beneficio accepto et perspecto et cosuetudine adiuncta (quand un service a été rendu, quand le dévouement s'est manifesté, quand les relations sont devenues habituelles). [...]
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