Si les mots n'existaient pas, nous ne pourrions même les penser. Ils concèdent notre condition d'homme, accordent notre regard à une réalité nommée. L'ambiguïté des Hommes a-t-elle construit les mots à son image ? Il faut croire que oui, car nous n'ignorons pas leur ambivalence et leur complexité.
Être clair semble une tâche ardue. Nous pourrions penser au premier abord que l'ambiguïté des mots est la fatale destinée de l'expression, qu'elle ligote et bâillonne la Vérité, et dessert l'entendement humain. Elle peut apparaître comme close ou débouchant vers une obscurité et un désordre certain. Mais cette ambiguïté est elle réellement fatidique ? Ne peut-elle être bienfaisante, et concourir à la transcendance du mot par lui-même ?
[...] En effet, l'ambiguïté des mots ne pourrait-elle pas servir à créer un tout autre langage ? Ne pourrait-elle pas aller au-delà des mots pour finalement toucher l'ineffable ? Car si les mots sont outils, ils sont aussi outils artistiques, alors penchons-nous sur l'utilisation des mots en poésie, ou plutôt celle de leur ambiguïté. Le rôle du poète est de jouer sur le double sens des mots, d'en faire l'association, pour au final, ne pas donner à une phrase son sens premier, mais une tout autre interprétation qui touche à l'esthétisme de la Beauté. [...]
[...] L'usage de l'ambiguïté des mots est donc propice au mensonge et à la dissimulation, ces deux notions semblent négatives, et peuvent l'être, certes nous en concluons qu'elle peut servir des causes peu louables telles que la manipulation, et qu'elle a le pouvoir de blesser sans qu'un mot ne soit plus haut qu'un autre, mais elle peut aussi être l'objet d'une résistance désespérée, l'homme en use lorsqu'il est contraint et que la résistante physique peut lui coûter la vie, les mots sont des armes puissantes à ne pas sous-estimer, et leur ambiguïté peut être encore plus dangereuse, mais elle peut servir à conforter une lutte collective contre l'imposer, et par la même occasion, éventuellement, servir la condition humaine ; en ce cas là, elle serait heureuse. Jusque-là nous avons vu que l'ambiguïté des mots pouvait être heureuse et le contraire, que ce soit sur le plan de l'influence qu'elle a sur notre pensée, ou sur l'usage que nous en faisons. Mais puisque l'ambiguïté des mots est présente sur ces deux côtés de l'homme, ne peut-elle pas transcender la pensée et l'usage ? Ne peut-elle pas apporter un dessein sublimatoire à l'homme ? [...]
[...] Nous pouvons donc dire que l'ambiguïté des mots rehausse l'humain, le sublime, dans l'art des mots, et dans la recherche de lui-même, dans cette optique, l'ambiguïté des mots est heureuse. Nous nous sommes donc premièrement demandé si l'ambiguïté des mots opérait sur la pensée, et nous en avons conclu qu'en effet, elle était indéniablement présente, même si nous choisissions de la rejeter, elle pouvait se révéler heureuse dans les choix que nous faisions face à elle : si nous la décidons nuisible à la Vérité, elle n'est pas heureuse, en revanche, si nous la décidions bénéfique dans le sens qu'elle pousse la pensée à se surpasser, elle peut être heureuse. [...]
[...] Mais apprivoiser l'ambiguïté des mots, est-ce pour autant avoir une pensée claire ? Nous pourrions émettre l'idée qu'une pensée limpide ne pourrait supporter l'idée de l'ambiguïté, la recherche de la Vérité philosophique se basant avant tout sur le langage, ne doit en aucun cas être approximative, et c'est pourtant la perspective que supposerait l'ambivalence du langage. En ce cas, il conviendrait de pratiquer une rigueur extrême dans l'usage des mots, en éludant chacun des termes pris, et ainsi bannir toute connotation évasive. [...]
[...] L'ambiguïté des mots peut-elle être heureuse ? Les Mots. S'ils n'existaient pas, nous ne pourrions même les penser. Ils concèdent notre condition d'homme, accordent notre regard à une réalité nommée. Le langage est le propre de l'humanité, le berceau du monde n'aurait pu se construire sans mots. Ils sont primordiaux dans la recherche de la Vérité, et semblent être plus que de simples outils d'expression. L'ambiguïté des Hommes a-t-elle construit les mots à son image ? [...]
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