Il faut voir que la définition de l'artiste dépend tout d'abord de l'époque à laquelle on entend employer le mot : le génie solitaire et incompris faisant de l'art contemporain en revendiquant ses idées politiques aujourd'hui, est très loin de l'imitateur de la nature dans l'Antiquité ou de celui du Moyen Age qui devait venir à bout de commandes... La notion d'artiste évolue avec le temps, de la même façon que les rôles respectifs de l'artiste et de l'artisan dans la société (...)
[...] De plus, L'art c'est l'homme ajouté à la nature comme le dit Francis Bacon en montrant que l'œuvre d'art et ce qui a été produit par l'homme, c'est ce qui est artificiel par nature . Artiste et artisan utilisent de cette façon la même manière de travailler, à savoir de compléter, prolonger la nature (en l'utilisant ou en la sublimant) ce qui fait qu'il n'y a pas vraiment de hiérarchie ou différence fondamentale entre l'une et l'autre profession. [...]
[...] Pourtant ce qui continue de différencier l'artiste de l'artisan, c'est son sens de la création, comme l'explique Alain. Mais le quel est sens de la création artistique ? L'art s'affranchit de l'utile : l'œuvre d'art n'a pas un but pratique ; elle s'affranchit également d'une fin déterminée à l'avance. Si ce n'est qu'il s'agit de la recherche de la beauté, comme le suggère l'expression de beaux-arts, un rapport existant effectivement entre ces deux sens. Mais comment rechercher le beau, et faire un chef-d'œuvre ? [...]
[...] En réalité peu à peu les mentalités évoluent et on commence à reconsidérer au fil des siècles le métier d'artiste. C'est vers le 16e siècle que l'on abandonne la vision antique de l'artiste –celle du peintre notamment- et que l'on parvient notamment à concevoir la peinture comme intellectuelle (Léonard de Vinci disait La pittura e cosa mentale et non comme une simple mise à plat de la réalité (alors que le sculpteur lui-même produit un objet représentant la nature mais le fait en trois dimensions). [...]
[...] Cette vision est une approche très laïque de l'activité artistique dans la mesure où l'artiste n'a que des dispositions naturelles développées par l'exercice, mais il n'y a pas derrière cela de mania selon Aristote, autrement dit de souffle divin. Le poète n'est pas, comme le dit Platon, chose ailée, chose sainte Aujourd'hui, se pose alors la question de l'utilité de l'activité artistique, accompagnée d'une remise en question de son pouvoir cathartique. Elle est en effet parfois vaine ou vaniteuse; car n'y a-t-il pas des circonstances qui rendent vaines, pour ne pas dire dérisoire, l'activité de l'artiste ? [...]
[...] Commentaire de texte. Il reste à dire en quoi l'artiste diffère de l'artisan. Toutes les fois que l'idée précède et règle l'exécution, c'est industrie. Encore est-il vrai que l'œuvre souvent, même dans l'industrie, redresse l'idée en ce sens que l'artisan trouve mieux qu'il n'avait pensé dés qu'il essaie ; en cela il est artiste, mais par éclairs. Toujours est-il que la représentation d'une idée dans une chose, je dis même d'une idée bien définie comme le dessin d'une maison, est une œuvre mécanique seulement, en ce sens qu'une machine bien réglée d'abord ferait l'œuvre à mille exemplaires. [...]
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