Les hommes du XIXe siècle avaient cru au progrès, qu'ils tenaient pour pleinement assuré. Comment Alain, engagé volontaire pendant la guerre de 1914-1918, né en 1868, marqué par la philosophie de Descartes, aurait-il pu laisser passer ce qui constituait, à ses yeux, une telle naïveté historique sans réagir ? (...)
[...] (Alain, La foi au progrès) Introduction Les hommes du XIXe siècle avaient cru au progrès, qu'ils tenaient pour pleinement assuré. Comment Alain, engagé volontaire pendant la guerre de 1914-1918, né en 1868, marqué par la philosophie de Descartes, aurait-il pu laisser passer ce qui constituait, à ses yeux, une telle naïveté historique sans réagir ? De fait, dans un propos tourné à sa façon, faite d'engagement personnel, Alain s'en prend à l'idée de progrès, dont il met en évidence la fausseté. [...]
[...] Il a suffi qu'un philosophe, Alain, fasse d'une telle foi l'objet de son attention lucide pour que nous ne nous laissions pas prendre à la beauté trompeuse d'une apparence séduisante mais paresseuse ! Il dépend de nous, pour une part, qu'un avenir meilleur s'ouvre à nous. Mais, pour les mêmes raisons, il peut se faire aussi que le pire survienne, si nous n'y prenons pas garde. Ne croyons donc pas que le Bien l'emportera malgré tout, malgré nous : employons-nous à le rendre possible ! Nous tirerons ainsi la sage leçon d'une authentique philosophie de l'Histoire. [...]
[...] Une fois ce but atteint, le peuple n'ayant plus d'intérêt profond à satisfaire est voué à la décadence. Un autre lui succède sur la grande scène de l'Histoire. Cependant, tout comme les individus sont unis en un seul esprit, celui de leur peuple, de même les peuples, en dépit de la particularité de leur esprit, sont habités par un seul esprit. Dès lors, les esprits particuliers de chaque peuple ne sont que les étapes par lesquelles l'esprit lui-même cherche à rendre le monde conforme à soi et, à travers la réalisation de cette œuvre, à prendre conscience de soi. [...]
[...] C'est ce qu'Alain veut faire comprendre au lecteur. Il le montrera en commençant par identifier les présupposés de l'idée - qu'il déclare fausse d'emblée - que l'image de la route exprime, de manière à expliquer pourquoi il ne saurait lui-même y adhérer, ainsi qu'il le reconnaîtra finalement. Résumons son propos: croire au progrès, conçu à l'image d'une "route tracée d'avance et qui monte toujours" cela revient à admettre que "le bon et le méchant, le sage et le fou poussent dans le même sens." L'idée de progrès reposerait ainsi sur un double présupposé, qu'Alain rend suspect en le mettant en évidence. [...]
[...] L'idée d'un progrès perpétuel paraît donc inconciliable avec les faits, ou du moins invérifiable; elle est en outre dangereuse: elle est un alibi facile pour le totalitarisme, un opium qui endort notre vigilance. Seule une conception humaniste du progrès paraît donc acceptable. Nous entendons par là une Histoire faite par les hommes et pour eux. Pour eux, car la dignité humaine est la valeur suprême à partir de laquelle on doit juger tout événement. Aucune génération ne peut être bafouée dans ses droits fondamentaux au nom d'un prétendu bonheur à venir; on ne sacrifie pas l'homme sur l'autel du progrès. Par eux, car le devenir de l'homme lui appartient. [...]
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