Le thème de la science fut sujet à de nombreuses controverses parmi les philosophes, et ce depuis sa naissance. Le savoir scientifique est-il ou non un vecteur de la vérité ? Cette question semble au coeur du débat. Alain, lui, adopte une position favorable à la science tout en démontrant par une démarche pédagogique que les vérités qu'elle transmet ne se donnent pas à voir simplement, mais qu'elles relèvent d'un effort intellectuel (...)
[...] Pour Hume, et d'autres philosophes nominalistes, cela constitue une des grandes faiblesses de la science. Mais Alain semble se rallier à l'épistémologue Karl Popper et à son idée de falsifiabilité. Effectivement, selon ce dernier, le caractère réfutable des hypothèses scientifiques n'est en rien la preuve de la fausseté de leur contenu mais au contraire est la caution de celles-ci en ce sens qu'il prouve leur scientificité. D'ailleurs, selon Popper, plus une théorie est falsifiable, plus la vérité qu'elle énonce est puissante. [...]
[...] Alain, Éléments de philosophie : science, vérité et perception Commentaire d'un extrait d'Eléments de philosophie d'Alain, dans lequel le philosophe s'interroge sur la valeur des perceptions et de l'énoncé scientifique. Texte étudié Il faut toujours remonter de l'apparence à la chose ; il n'y a point au monde de lunette ni d'observatoire d'où l'on voit autre chose que des apparences. La perception droite, ou, si l'on veut, la science, consiste à se faire une idée exacte de la chose, d'après laquelle idée on pourra expliquer toutes les apparences. [...]
[...] Et dans un contexte plus complexe, il faut appliquer cette même règle et user de ce qu'on nomme le réductionnisme. Le réductionnisme consiste en l'instauration d'un filet entre les sens, les apparences, et la conscience, afin d'isoler les causes : puisque les apparences sont un chaos de perceptions diverses et muables, il est nécessaire pour établir des lois, de réduire les phénomènes les plus complexes en systèmes plus simples ne prenant en compte que quelques paramètres. Par exemple, il serait impossible de décrire mathématiquement le mouvement d'un projectile sans séparer la force de la gravité. [...]
[...] Cela constitue une opération d'induction, qui est commune à l'élaboration de toutes les vérités scientifiques et de laquelle découlent plusieurs difficultés. L'induction est l'opération effectuée par le procédé de syllogisme et qui permet de passer du particulier au général : le problème est que la théorie annoncera toujours plus que les expériences, son but étant de faire progresser l'intelligibilité du réel. Or, on l'a vu, l'établissement d'une théorie nécessite une opération intellectuelle d'abstraction, et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'aucune théorie ne peut être définitivement jugée comme vraie : la vérité n'est pas donnée par la nature, elle est le résultat d'un effort de l'esprit. [...]
[...] De plus, Alain finit par ajouter que ceux qui se sont instruits trop vite se méprennent et cela à deux reprises. En fait, la dernière image d'Alain comporte presque une valeur morale. En effet, ceux qui se sont instruits trop vite prennent pour vérité ceux qu'ils observent : or la lune grossie dans une lunette ne nous donne pas les dimensions véritables de la lune : cette vision étant une apparence, elle ne peut pas être une vérité. La vérité scientifique est abstraite, on l'a expliqué. [...]
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