Reprenant l'étymologie latine du terme (cum-scientia, avec ou accompagné de science, de savoir), Alain nous rappelle ce qu'est la conscience réflexive. Elle ne se saisit elle-même en tant que conscience qu'en faisant retour sur elle-même. Mais, elle ne peut effectivement le faire qu'au moyen d'une pensée qui s'impose à elle-même comme objet de conscience ! L'acte de penser est dans ce mouvement qui le sépare de la pensée, entendue ici comme objet à penser (...)
[...] En d'autres termes, je suis coupable de ce que j'ignore sur moi ? Notre devoir est précisément ce que nous nous devons à nous-mêmes en toute liberté. La conscience se fait et est morale. Par conséquent, le sujet pensant est, par définition, sujet moral. Telle se définit la vie de l'esprit. Conclusion La particularité de la pensée humaine qui ne peut se définir que par la conscience. Certes, c'est dans la conscience réflexive que l'homme réalise véritablement la spécificité qui est la sienne. [...]
[...] Et, l'acte de penser se définit alors dans l'acte de conscience qui pose chacune de mes pensées comme objet de ma pensée. Certes, toute pensée est déjà en soi un savoir qui porte sur une conscience particulière : je sais que deux plus deux font quatre, je sais que la terre tourne autour du soleil. etc. Toutefois, c'est aussi un ensemble de jugements que je peux admettre vrai que parce qu'il constitue uns avoir commun que je partage avec les autres sur le mode de l'opinion. [...]
[...] Ce qui n'exclut pas les opinions sur les opinions et tous les savoir-faire, auxquels il manque la réflexion, c'est-à-dire le recul en soi-même qui permet de se connaître et de se juger ; et cela est proprement la conscience. Rousseau disait bien que la conscience ne se trompe jamais, pourvu qu'on l'interroge. Exemple : ai-je été lâche en telle circonstance? Je le saurai si je veux y regarder. Ai-je été juste en tel arrangement? Je n'ai qu'à m'interroger ; mais j'aime bien mieux m'en rapporter à d'autres. [...]
[...] C'est pourquoi toute opinion comme jugement subjectif, immédiat et irréfléchi est condamnable. Elle est illégitime parce qu'elle n'est pas autorisée par la Raison, mais aussi parce que nous sommes capables devant la Raison de ne pas en donner raison. Alain rassemble ici, aussi, tout savoir-faire qui en tant que connaissance intéressée s'établit plus pour son utilité pratique que pour véracité. Le domaine de l'opinion n'est pas celui du penser. Elles sont nos pensées que dans la mesure où nous les recevons de l'extérieur. [...]
[...] Je suis face à moi-même. C'est ici le lieu de la vérité. Que pourrais-je ignorer de moi- même ? Rien, puisque c'est précisément à travers ce dont j'ai conscience que je prends conscience de moi et des valeurs qui sont les miennes. Je suis lâche ou je suis injuste . Personne ne peut décider pour moi de ce dont j'ai à rougir. Et, c'est en rougissant que j'ai déjà jugé pour moi et pour les autres de qui est moral. [...]
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