« L'âme c'est ce qui refuse le corps [...] Ce beau mot ne désigne nullement un être, mais toujours une action. »
Bien des gens pensent qu'être libre c'est se laisser aller au gré de ses désirs, de ses passions, que la liberté est l'expression d'une spontanéité dont l'expression la plus parfaite se trouverait dans l'être naturel : l'animal offrant l'image emblématique de la liberté. Libre comme l'air dit-on aussi.
Cependant non seulement nous entendons parfois dire de quelqu'un qu'il est prisonnier de ses désirs, mais nous savons que la nature est soumise au règne de la nécessité.
Dès lors nous pouvons nous demander si la liberté est dans l'adhésion de l'esprit aux penchants dont il faut chercher l'origine dans le corps, ou bien si elle se manifeste dans la conscience que nous sommes autre chose que ce qui semble avoir prise sur notre esprit. La liberté est-elle un abandon aux sollicitations du corps ou conscience et refus ?
Une réflexion sur le texte d'Alain peut nous permettre de résoudre ce problème.
[...] La conscience est donc essentiellement négation. Quand je prends conscience de moi, j'affirme en un premier temps être cela, mais aussitôt, en me constituant comme objet pour le sujet que je suis, je nie être ce que je pense être. Je ne suis pas ce corps, je ne suis pas même ce que je pense être : je ne suis pas, mais j'ai toujours à me faire, et c'est pourquoi l'âme désigne toujours une action, et c'est pourquoi cette action est toujours une négation du donné immédiat. [...]
[...] "Il n'a plus de conscience" écrit Alain. Cela signifie qu'il a perdu la capacité de se placer à distance de soi-même, et aussi qu'il n'a plus de conscience morale : il n'est plus en mesure de choisir. Il cède "absolument" à son corps, il est entraîné dans des comportements qu'il ne maîtrise plus. Nous disons toutefois que c'est un homme (et non qu'il est homme), car il l'a été, ou bien il peut le devenir, le redevenir. Le fou est un homme, car il est toujours "réhumanisable" alors qu'on ne peut pas faire qu'un animal choisisse entre ce qu'il doit ou ne doit pas faire. [...]
[...] L'homme est conscience de lui-même. Il est corps et ce corps est en relation avec le monde. Mais il se représente son corps, le monde, les relations qu'il entretient avec eux, et il a une pensée de lui-même : il a une représentation de soi. On peut dire que c'est en cela qu'il est un homme : il existe à titre de représentation de lui-même. On dit qu'il est un être pour-soi. Tout ce qui a une signification pour la conscience : l'homme a un point de vue sur lui-même et sur toutes les autres choses. [...]
[...] Conclusion Au terme d'une réflexion sur le texte d'Alain, nous pouvons affirmer que la conscience et la liberté vont de pair. Etre homme c'est se faire âme contre ce corps ou ce monde qui souvent tendent à nous réduire à la passivité. Les passions nous menacent : il nous faut les connaître pour les maîtriser, ou, comme le préconisait Descartes, faire jouer les unes contre les autres, ce qui de toute façon suppose qu'on soit en mesure de prendre du recul par rapport à elles. [...]
[...] La liberté est-elle un abandon aux sollicitations du corps ou conscience et refus ? Une réflexion sur le texte d'Alain peut nous permettre de résoudre ce problème. I. Commentaire ordonné Certains mouvements, certains désirs, émanent du corps : boire, fuir, frapper, etc. Le corps (Platon parle de "l'élément terreux") nous incline à des actions qui font cesser certaines tensions. Or je suis conscient (je suis l'homme lorsque je sors de mon corps pour me mettre à distance de lui et me considérer. Etre conscient, c'est savoir que l'on peut décider. [...]
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