Aimeras, ton, prochain, comme, toi, même, principe, moral, précepte, religieux
C'est saint Matthieu qui dans son Evangile [évangile vient du grec la bonne nouvelle] rappelle ces paroles. [Les Evangiles, au nombre de quatre, ont été rédigés à peu près 70 ans après la mort de Jésus Christ, et donc à part Jean aucun des évangélistes n'a connu Jésus. Les évangiles sont donc la consignation d'une tradition orale]. On a là affaire, semble-t-il, à un commandement, ou s'il on préfère un impératif exprimant un devoir. Ce commandement est interprété comme un résumé de la morale chrétienne. Cette morale repose sur l'Amour universel [Dieu est amour] et elle va même jusqu'à prôner qu'il faut aimer ses ennemis. Ce commandement présente un caractère absolu ; il commande absolument. Moralement, c'est un devoir absolu que d'aimer son prochain comme soi-même.
[...] Il le mérite s'il est tellement plus parfait que moi qu'il m'offre la possibilité d'aimer en lui mon propre idéal ». Pour Freud, il n'y a d'amour que comme amour de soi, et d'autre part ce qui justifie l'amour d'autrui, l'amour du prochain, c'est que je puisse en lui m'aimer moi-même. Toutefois, Freud montre aussi bien que ce que j'aime en lui, c'est mon propre idéal. En somme, je l'amie parce qu'il est tel que je voudrais être, et dès lors ce n'est plus l'autre dans sa singularité même que j'aime, mais mon propre idéal, c'est-à-dire une abstraction. [...]
[...] Autrement dit, on ne nous commande pas ce qu'on fait volontiers, on ne commande que ce que l'on ne fait pas volontiers. On ne saurait commander, semble-t-il, d'aimer. En somme, pour Kant, l'amour chrétien est impossible. On ne peut pas aimer par devoir, l'amour ne saurait être l'objet d'un devoir. Kant distingue deux sortes d'amour : « L'amour pathologique » [pathologique du grec pathos, le sentiment]. C'est un amour sensible que l'on éprouve sans savoir comment ni pourquoi « L'amour pratique » [Pratéine en grec signifie agir]. [...]
[...] Cet amour consiste à faire du bien à autrui. Kant considère que c'est le seul amour qui puisse être commandé. La difficulté que souligne Kant est que cet amour qui peut être commandé n'est pas sensible, il n'est pas un sentiment du cœur. On arrive ainsi au problème suivant : l'amour pathologique est un sentiment du cœur, il est sensible, mais en tant que tel il ne saurait être commandé – , tandis que l'amour pratique peut être commandé, mais il n'est pas un sentiment du cœur, il n'est pas sensible. [...]
[...] Le mot concept désigne ici ce que Hegel appelle « une abstraction de l'entendement », autrement dit pour Hegel si la maxime évangélique à la forme d'un commandement, c'est d'abord parce qu'elle est interprétée comme concept de l'entendement. Or, les concepts de l'entendement présupposent toujours, selon Hegel, des oppositions que « le mouvement de la vie abolit ». Autrement dit, pour Hegel, le propre de l'entendement [comme Kant, Hegel distingue entre entendement et raison] est de diviser la réalité aux moyens de ses concepts [comme le langage chez Bergson]. Au contraire, par opposition à l'entendement, la Raison, pour Hegel, comme activité d'unification et de dépassement, réconcilie les contraires. [...]
[...] Pour Kant, seul le devoir peut constituer le principe de l'action morale, et non pas l'amour de soi. L'amour de soi corrompt toujours la pureté du devoir et l'observance de ce que Kant appelle « la loi morale ». L'amour de soi introduit en quelque façon du sensible dans le devoir qui ne relève que de la raison pure. Pour Kant, la loi morale est posée a priori (c'est-à-dire nécessairement et universellement) par la raison pure. Le devoir consiste à se soumettre soi-même à la loi morale, et à déterminer son action à partir de l'obéissance à cette loi. [...]
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