En langage mathématique pour obtenir une égalité il faut avoir une double inclusion. La réaction étant trivialement incluse dans l'action, l'intitulé nous invite donc à réfléchir sur la seconde inclusion, celle de l'action dans la réaction. Il apparaît évident, tant dans la pratique que dans l'analyse sémantique de ces deux termes que l'action soit première, initiale alors que la réaction est seconde, elle n'arrive pas ex nihilo.
Mais la physique de Newton nous invite à imaginer un recoupement possible de l'action et de la réaction en énonçant comme principe de vérité générale que l'action est égale et opposée à la réaction. Des points de croisement semblent donc pouvoir être entrevus.
Mais où et comment action est réaction peuvent-elles se rejoindre ? Il me semble que la question fondamentale qui se pose réside dans les limites de l'action. Où commence l'action ? Peut-on la délimiter ? Quels sont ses principes, ses motivations ? Quel est au fond l'antécédent d'une action ? Et même peut-on concevoir un acte immotivé ? Donc si finalement l'action n'est pas clairement initiatrice et qu'elle recoupe la réaction quel est ce lieu de recoupement et quel est le but visé par cette démarche ? Ne serait-ce pas pour tendre vers un équilibre qui n'est pas autoréféré ?
[...] A l'inverse la réaction (ou ré-action) n'est pas une intervention initiale mais bien secondaire. La particule re signifie en retour ce qui suppose une action préalable. Réagir c'est agir relativement à, à partir de et même agir contre ! La réaction contrebalance un effet premier. Ré-agir c'est s'opposer à une première action, la contrer. Prenons l'exemple d'une joute verbale qui deviendrait physique. L'une des deux personnes entamerait une action première en assénant un premier coup. Cependant la victime peut elle aussi vouloir, en retour, asséner un coup à son agresseur. [...]
[...] Il faut donc concevoir l'action et la réaction comme appartenant à une réalité sans cesse en mouvement. Et peut-être trouverons-nous les points de rencontre de l'action et de la réaction. Réagir ça n'est pas seulement répondre par réflexe (à un stimulus, à une force extérieure), c'est proprement ré-agir, c'est-à-dire agir après, contre en mobilisant ses passions ou même son intelligence. Une illustration serait les théories médiévales dites augustiniennes qui visent à dire que la production de la pensée est une action mentale mais que c'est l'âme qui produit ce concept. [...]
[...] L'action est donc nécessairement ré-active d'une part parce que les déterminations stimulent l'individu et d'autre part parce que si l'homme veut sa liberté il doit contester ces limites, les remettre en question et tenter de les repousser. Si pour Alain penser c'est dire non alors en recoupant les théories médiévales et par translation, agir c'est dire non, c'est donc ré-agir. D'autre part l'action en tant que réaction peut aussi être quelque chose de négatif. Où la contestation n'est plus valorisée. Une dimension nouvelle apparaît, celle de la dépendance du sujet qui réagit. En effet la réaction est une dépendance à l'action d'où une idée d'aliénation et d'impuissance à se déterminer par soi-même. [...]
[...] Un autre de lieu est propice au rapprochement de l'action et de la réaction et il se veut religieux. Bien que terrain assez vaste, l'étude de Dieu à travers celle du péché d'Adam par Saint Augustin montre que tout acte est nécessairement une réaction car il suppose l'action première de Dieu. Cet énoncé assez restrictif de l'action humaine en tant que subordonnée à celle de Dieu est expliqué par Saint Augustin de la façon suivante. Pour Saint Augustin le péché est un acte qui représente la transgression d'un ordre divin Adam va réagir à ce que Dieu a fixé comme limite, et ce négativement car ce fut comme une volonté d'affirmation de la supériorité d'Adam sur Dieu. [...]
[...] A une force négative s'exerce une force positive. Cela rejoint en quelque sorte le principe de newton qui dit que deux corps opposés exerceront une force de même valeur mais dont les directions seront égales mais les sens opposés. C'est avec la même intensité que l'on s'acharnera à libérer cette communauté proportionnellement à la même ardeur que l'on met à garder cette communauté opprimée de la part des bourreaux. L'exemple du conflit au Soudan est ici pertinent à en juger les ré-actions que cela suscite aujourd'hui. [...]
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